Malgré un traitement un peu typé documentaire télévisuel, Hélène Milano parvient à faire éclore une parole lucide sur la précarité, l’avenir et la masculinité.
Dans Les Roses noires (2012), Hélène Milano recueillait la parole de jeunes femmes selon une grille sociologique claire, soit des habitantes de banlieue parisienne ou des quartiers nord de Marseille.
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De cette expérience surgissait une évidence malheureuse sur la difficulté d’être une fille dans une cité : « Pour ne pas se laisser faire, le meilleur moyen, c’est de devenir un garçon.« Avec Les Charbons ardents, la réalisatrice poursuit son exploration d’une jeunesse française, cette fois-ci côté masculin.
Que le film arrive sept ans après ce premier tableau est assez symptomatique de l’état d’une société plus disposée à déboulonner les mécanismes de la masculinité. Devant la caméra, des garçons de 16 à 19 ans, réunis eux aussi sous une même bannière (ils sont étudiants en lycée professionnel), défilent.
Si le dispositif utilisé ici flirte avec celui, consensuel, des documentaires télévisuels, ce qui en émane est, en revanche, à l’inverse des représentations erronées qui abreuvent le petit écran.
Outre la difficulté de grandir dans un quartier, la précarité et la peur de l’avenir, ce que finissent par exprimer ces visages, c’est l’aveu amer d’une vie d’autocensure, une vie verrouillée par les codes insensés d’une virilité vieille comme le monde.
Cet héritage, ces garçons, qui ont conscience de n’avoir droit ni aux pleurs ni à l’expression du sentiment amoureux, ne savent qu’en faire (« c’est comme ça »), mais chacun le questionne. Plus qu’une simple opposition entre féminin et masculin, ce que trace la réalisatrice, d’un film à l’autre, est la réconciliation entre les deux à travers une jeunesse lucide et qui s’accorde sur le sujet.
Les Charbons ardents d’Hélène Milano (Fr., 2019, 1 h 29)
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