Avec un deuxième album plein de classe LOMEPAL prend la tête du cortège hip-hop français, tout devant mais surtout un peu à côté.
On se souviendra longtemps de la rupture que fut, dans le monde burné du hip-hop, la découverte de la pochette du premier album de Lomepal, FLIP, en 2017, où le jeune homme apparaissait maquillé comme une voiture volée. Le choc symbolique fut doublé par la révélation, sur le long cours, d’un talent brut de l’école du micro (on avait déjà pris de sacrés électrochocs avec ses premiers ep). Campé sur des prods souples, Lomepal déroulait des lyrics aussi précis que singuliers, loin devant la concurrence, et surtout à côté. Voilà pourquoi Jeannine, son second album était attendu par certains avec le smiley jaune un peu circonspect, celui qui se tient le menton.
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Un album incroyablement intime
Conscient de l’attente, Lomepal a décidé de puiser ses forces dans ce qu’il connaissait le mieux : lui-même. Alors que FLIP était déjà un album anormalement personnel pour le rap français niveau dépoilage, Jeannine va encore plus loin. Il n’est pas rare, lors de l’écoute de ce disque, que l’on se dise – comme pour celui de Gringe – “mais mon Dieu, le mec s’est mis à poil”. Et les featurings en renfort (JeanJass, Roméo Elvis, Orelsan et Katerine) ne font que confirmer ce sentiment. Comme si Lomepal avait réussi à convaincre ses acolytes de tomber le slip à leur tour.
C’est ainsi que, du sublime Ne me ramène pas, en passant par 1 000° C (avec Roméo Elvis) – “J’ai trouvé ma place/Un pied dans les flammes/Un autre dans la glace” – jusqu’à l’instrumental Dans le livret, tout le monde sur ce disque semble se trimballer la nouille à l’air. Et Lomepal en tête avec notamment les titres Trop beau, Beau la folie, Plus de larmes et surtout Le Vrai Moi, où il chante pour de vrai.
Rarement un disque s’était mis le cul entre deux chaises avec autant de classe
Lorsqu’on le rencontrait, le jeune homme nous disait son envie de nouvelles expériences (on ne traîne pas avec Philippe Katerine par hasard). Et sur Jeannine, il a aussi fait les choses en vrai. Jamais hip-hop ne nous avait semblé si cru, si tartare : comme si une vision moderniste de la pop, trente ans de rap, l’héritage rock (il est question du leader des Foo Fighters, dans le morceau Dave Grohl justement), du jeu vidéo, du skate, des relations hommes/femmes et un bon pan de l’histoire des sentiments humains dans ce qu’ils ont de plus violent s’entrechoquaient au beau milieu des mots de ce type à la dégaine coolos, capable de dire sur un beat et une instru des trucs qui vous serrent le cœur et vous font prendre conscience qu’en même temps, vous n’êtes pas seul.
Avec Jeannine, album impur et futuriste, aux textes féroces, Lomepal a de bonnes chances de se projeter, dès la fin 2018, en tête des cortèges, indés et populaires à la fois. Rarement un disque s’était mis le cul entre deux chaises avec autant de classe. Déjà un classique, déjà une révolution.
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