Les errements de deux artistes en pension à la Villa Médicis, observés avec une tendre ironie.
A partir de sa propre expérience, Caroline Deruas a imaginé cette fiction sur des artistes en résidence à la Villa Médicis. A la lecture de ce pitch, on pouvait craindre un film nombriliste, à la fois compte-rendu et produit de l’entre-soi des “privilégiés” de la culture tournant en vase clos.
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Mais si Caroline Deruas brosse le quotidien de ces créateurs en devenir et les tensions qu’ils vivent entre leur œuvre et leur vie intime, elle sait aussi transcender le naturalisme inhérent à un tel sujet par de beaux écarts vers la comédie et le fantastique.
Un regard précis et parfois tendrement ironique
Son film suit particulièrement la rousse volcanique Axèle (Jenna Thiam) et la brune tourmentée Camille (Clotilde Hesme). L’une est photographe, célibataire. Elle erre souvent, solitaire, dans les pièces et jardins, à la recherche de son inspiration, croisant des fantômes, elle-même parfois spectrale. L’autre est écrivaine, accompagnée de son époux (auteur célèbre) et de leur enfant. Sa vie de couple et de famille va provoquer des larsens de plus en plus stridents avec sa condition d’écrivain enjointe à produire.
Au regard précis et parfois tendrement ironique sur le prosaïsme de la vie d’artiste et sur le fonctionnement d’une institution culturelle plus précaire qu’elle ne semble (gag récurrent de l’appel des pensionnaires, tensions entre art et argent…), Caroline Deruas adjoint une vision de la Villa Médicis comme maison hantée, peuplée tant par les fantômes de l’art que par ceux des êtres qui travaillent ou ont travaillé en ce lieu.
La musique de Nicola Piovani achève de nimber de beauté et de mystère (et d’italianité) cette plongée dans la condition d’artiste, entre dramédie rohmérienne et déambulation façon Marienbad.
L’Indomptée de Caroline Deruas (Fr., 2017, 1 h 38)
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