Nos dernières semaines furent agréablement bercées par les nouvelles mélodies de LOMEPAL, la puissance de Farai, le retour tant attendu de Red, la poésie sombre et épurée de Vera Sola et l’insouciance de Bryan’s Magic Tears.
Lomepal – Jeannine
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Lomepal a décidé de puiser ses forces dans ce qu’il connaissait le mieux : lui-même. Alors que FLIP était déjà un album anormalement personnel pour le rap français niveau dépoilage, Jeannine va encore plus loin. Il n’est pas rare, lors de l’écoute de ce disque, que l’on se dise “mais mon Dieu, le mec s’est mis à poil”. Et les featurings en renfort (JeanJass, Roméo Elvis, Orelsan et Katerine) ne font que confirmer ce sentiment. Comme si Lomepal avait réussi à convaincre ses acolytes de tomber le slip à leur tour. C’est ainsi que, du sublime Ne me ramène pas, en passant par 1 000° C (avec Roméo Elvis) jusqu’à l’instrumental Dans le livret, tout le monde sur ce disque semble se trimbaler la nouille à l’air. Et Lomepal en tête avec notamment les titres Trop beau, Beau la folie, Plus de larmes et surtout Le Vrai Moi, où il chante pour de vrai. Jamais hip-hop ne nous avait semblé si cru, si tartare.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Pierre Siankowski ici
Jeannine est à écouter sur Apple Music.
Farai – Rebirth
C’est la vidéo qui a immédiatement interrompu le game, cassé l’écran et plongé le spectateur dans l’effroi et la fascination. Elle s’appelle This Is England et, effectivement, elle raconte mieux que n’importe quel discours, reportage ou statistique l’état d’exaspération, de rage et de tension d’une partie hors-cadre de la jeunesse anglaise. Sur un fond sonique malade, patraque, au bord de l’extinction, on y découvrait Farai, jeune femme ballottée du Zimbabwe à l’Angleterre, à la voix stridente comme une sirène prévenant trop tard de l’arrivée du chaos nucléaire.
Dans ce genre de soul urbaine tout en incantations, on n’avait guère entendu plus puissant et dérangeant depuis certaines chansons de gospel de fin du monde de TV On The Radio. On trouve des traces étonnantes d’expérimentations minimales et glaciales avec le funk d’A Certain Ratio ou ESG dans ces morceaux qui proposent le brasier sur la banquise. Car oui, à l’image du récent single National Gangsters, qui passe la City à la sulfateuse, Farai hurle une dance-music hallucinée, contrariée par la violence, le dégoût.
Retrouvez l’intégralité de la critique de JD Beauvallet ici
Rebirth est à écouter sur Apple Music.
Red – Felk Moon
Felk avait marqué nos esprits par la crudité et la justesse de son propos : ces chansons, c’est comme si Lambin nous les jouait en direct à chaque fois, aussi bouleversé que nous. Dix-huit ans plus tard, c’est toujours en compagnie de Quentin Rollet que Red revient en force avec Felk Moon, hommage caché à Neil Young. Dès les premiers morceaux du disque, on entend les voix d’enfants (ceux de Lambin) qui traversaient joyeusement Felk. Les enfants ont grandi, mais l’atmosphère reste la même. On aime la noirceur de Old Friend, l’honnêteté et la puissance de The Day David Bowie Died I Was Listening David Freel, ou encore la douceur très cohénienne de I’m Fucking Small. Felk Moon est un grand disque stabilisé, une ode à la nonchalance et au voyage intérieur, qui confirme à quel point Red fut le pionnier d’un folk futuriste et décomplexé, inventé à la maison et joué au plus près du cœur.
Retrouvez l’intégralité de la critique de Pierre Siankowski ici
Vera Sola – Shades
En entrant dans le studio d’enregistrement qu’elle avait réservé à St. Louis, Vera Sola a tout de suite abandonné l’idée d’y amener avec elle des musiciens. Poète, chanteuse et multi-instrumentaliste, l’Américaine savait qu’elle avait déjà tous les ingrédients pour produire un premier album à la hauteur de son talent seule. Et la suite lui donna raison. Shades est un album saisissant, tendrement hanté par la solitude, les désarrois modernes de la jeune femme et les fantômes de son passé.
Poétique et sombre, ce disque met en exergue toute l’intemporalité de la voix de Sola, portée par des parties instrumentales discrètes qui habillent élégamment le vide qu’elle a laissé malgré elle. On aime The Colony et ses faux-reflets de flamenco, Small Minds et ses mélodies tremblantes, For et sa délicate guitare acoustique ou encore The Cage et ses percussions plus rock.
Salomé Grouard
Shades est à écouter sur Apple Music.
Bryan’s Magic Tears – 4.AM
Créé il y a quatre ans par Benjamin Dupont (Dame Blanche) et composé de membre de Marietta et de la Secte du Futur, le groupe Bryan’s Magic Tears avait sorti fin 2016 un premier album garage lo-fi très salué. Les cinq parisiens reviennent cette année avec 4am, un album qui sent bon la fin d’adolescence, signé sur le label Born Bad Records. Le groupe, dont le nom a été inspiré par un dealer d’acide, pourrait être tout droit sorti d’un clip sur MTV du milieu des années 90. Cela ne se ressent pas tant dans la musique elle-même, pourtant proche de leurs amis du Villejuif Underground ou encore de Jessica 93, mais plutôt dans l’attitude super décontractée du groupe, insouciant et presque naïf.
On retrouve sur 4am de véritables tubes, comme Ghetto Blaster, CEO ou encore Changes. Idéal pour les fins de journées d’été qui s’allongent à l’infini, pendant lesquelles on voudrait avoir 18 ans pour toujours.
Zoé Pinet
4.AM est à écouter sur Apple Music.
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