En guise de réponse aux « gilets jaunes », Emmanuel Macron accélère la hausse de la prime d’activité à laquelle il s’était engagée durant la campagne présidentielle, à hauteur de 70 euros. S’y ajoute la suppression des cotisations sociales et l’élévation légale du Smic de 1,8 %.
Lundi 10 décembre 2018 au soir, Emmanuel Macron, dans une adresse aux Français de 13 minutes, a répondu à sa manière aux quatre semaines de mobilisations des « gilets jaunes ». « Le salaire d’un travailleur au Smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus à l’employeur », a ainsi déclaré le chef de l’Etat. Pour autant, le Smic ne sera pas augmenté directement, outre le 1,8% légal dû à l’inflation. Les plus bas salaires verront néanmoins leur revenu global augmenter via la hausse de la prime d’activité. L’effort consenti à l’égard des travailleurs aux plus bas revenus est ainsi limité à l’application accélérée des promesses de campagne que le gouvernement traînait à mettre en place.
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Pour être exacte, il ne s’agit pas, pour les smicards, d’une augmentation de 100 euros net, mais de 70 euros, dont 30 avaient déjà été votés avant le discours du président et auxquels s’ajoutent 1,8 % d’augmentation légale lié à l’inflation et la suppression des cotisations sociales. Explications.
L’État à contribution avec la prime d’activité
Soucieux de ménager les chefs d’entreprises, Emmanuel Macron met l’État à contribution en accélérant la hausse de la prime d’activité. Depuis 2016, elle remplace la prime pour l’emploi et le RSA activité à titre de complément de salaire pour les travailleurs rémunérés entre 0,5 et 1,2 fois le Smic. En 2018, 2,6 millions de salariés et travailleurs indépendants modestes bénéficient de cette prestation sociale versée par la CAF (Caisse d’allocation familiale), ou la MSA (Mutualité sociale agricole) pour les salariés agricoles.
Ces agences d’État ont la charge de cette prime dont le montant est fixé, non pas à partir du revenu d’un travailleur, mais du foyer. Des plafonds sont appliqués, de l’ordre de 1 500 euros net pour une personne seule, de 2 200 euros pour un couple sans enfant dont un membre travaille ou pour un parent isolé avec un enfant, de 2 900 euros pour un couple avec deux enfants dont les deux parents travaillent. En cas de dépassement de ces sommes, la prime n’est pas accessible.
80 euros promis, combien dus ?
Emmanuel Macron s’était engagé, dans son programme, à augmenter de 80 euros, sur le quinquennat, la prime d’activité à raison de 20 euros par an à partir de 2018. La suppression des cotisations sociales (chômage et maladie), devait ajouter à cette première somme 20 euros. Le compte était (presque) bon.
À ceci près que dès octobre 2018, le gouvernement est revenu sur son engagement. La « revalorisation exceptionnelle » de 20 euros n’a pas eu lieu. À la place, les bénéficiaires de la prime activité n’ont touché que 8 euros, 13 euros sur l’ensemble de l’année. La prime devait, depuis, être revalorisée de 30 euros en avril 2019 par le biais d’un discret amendement, ajouté depuis le début de la crise des « gilets jaunes », et avant le discours d’Emmanuel Macron.
Ajustement à l’Assemblée
Avant cet amendement et la crise des « gilets jaunes », l’Assemblée avait voté la suspension pour deux ans de la revalorisation de la prime d’activité au printemps. La « nouvelle bonification » de 20 euros ne devant alors n’être versée qu’à partir d’octobre 2019, puis en 2020 et 2021. Le budget prévu pour cette prime en 2019 devait s’élever au montant de 6 milliards d’euros, soit 400 000 millions de plus qu’en 2018, selon la Caisse nationale des allocations familiales.
En somme, le gouvernement ne fait qu’appliquer une promesse de campagne qu’il peinait à appliquer, en avançant sa mise en place de 2022 à 2019.
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