Un premier film intéressant sur les galères d’un jeune boxeur.
Tout sonne juste dans ce premier film nourri de (pratique) documentaire, dont les personnages portent les mêmes noms que les acteurs. C’est bien une fiction, mais au ras du réel, sur les problèmes de Karim, un jeune boxeur de la banlieue parisienne qui passe professionnel au moment même où il va épouser une femme divorcée (avec enfant). Parallèlement, il doit subir une opération de la main, qui laisse planer un doute certain sur la suite de sa carrière pugilistique.
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Tout est parfaitement posé, agencé. Rien n’est appuyé, parfois juste suggéré (comme l’existence de l’ex-mari de l’héroïne, dont on n’aperçoit que la voiture). La boxe elle-même est filmée sans esbroufe, avec une certaine aisance. Les embûches de l’existence du héros beur, loser optimiste, sont également bien vues, plausibles – Karim a un peu la folie des grandeurs et se heurte constamment au mur de la réalité. Rien d’hyper nouveau dans le genre, mais un bon feeling global. Pourtant, malgré son évident potentiel dramatique, le film finit en queue de poisson. On aurait pu attendre un twist supplémentaire au destin du personnage, mais le cinéaste préfère clore le récit sur une note presque neutre. C’est pourquoi, au bout du compte, ce film constitue plus une promesse qu’un aboutissement. Un jalon solide pour un futur deuxième film plus étoffé, avec une vraie ampleur dramatique qui transcende le réel que le cinéaste sait si bien capter. Parfois, il faut forcer les situations jusqu’à l’incandescence, comme dans l’archétypique Nous avons gagné ce soir de Robert Wise, mélo classique sur la boxe se déroulant en temps réel. On peut certes répondre qu’aujourd’hui la boxe n’a plus la même aura mythique, et que le film de Dan Uzan tient compte de cette désillusion. On peut tout de même imaginer une dramaturgie moins linéaire. A suivre.
Nous nous marierons de Dan Uzan, avec Karim El Hayani (Fr., 2016, 1 h 16)
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