Entre burlesque et noirceur, « HP » suit le parcours d’une interne en hôpital psy et les destins entremêlés de soignants et malades à la folie partagée.
Depuis une poignée d’années, OCS trace son sillon dans le paysage bizarrement fichu des séries françaises, avec une singularité à la fois excitante et déstabilisante. A côté de certaines des plus belles réussites hexagonales de la décennie (la comédie Irresponsable, le teen show Les Grands, dont la troisième saison arrive bientôt), ou d’une tentative intrigante de science-fiction (Missions), se sont glissés des spécimens plus discutables, comme Lazy Company ou Nu, et plus récemment Vingt-cinq, dont l’univers masculin sans véritable altérité limitait l’impact. Il n’empêche, avec des moyens proches du court métrage, le label OCS Signature continue de proposer des séries de vingt-six minutes sans équivalent ailleurs.
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HP s’affirme comme l’une des plus intéressantes, issue des cerveaux de deux créatrices, Angela Soupe et Sarah Santamaria-Mertens, qui se sont rencontrées en 2014, sur les bancs de la première promotion de la section séries de la Fémis – d’où est aussi issu Frédéric Rosset, le créateur d’Irresponsable.
Après « Hippocrate », une nouvelle hospitalière réussie
Avec la scénariste Camille Rosset, les deux jeunes femmes dressent le portrait d’un monde à la fois familier et étrange, en imaginant une héroïne prénommée Sheila, jeune interne pleine de bonnes intentions qui débarque dans un service de psychiatrie comme il en existe dans la France d’aujourd’hui, c’est-à-dire fragile, dur et parfois totalement déroutant.
Après l’excellente Hippocrate (sur Canal+), voici la deuxième série de l’automne obsédée par le théâtre de l’hôpital public. Sauf qu’à partir du même diagnostic (comment dire que tout va mal ?), HP propose à peu près l’inverse de sa grande sœur, aussi inspirée qu’elle par Urgences, en faisant le choix d’une comédie dramatique prête à dérailler à tout moment.
https://www.youtube.com/watch?v=vLVDiqlzqFI
Le résultat semble parfois forcé, surtout au début. La recherche d’un équilibre entre burlesque et noirceur vient perturber l’entrée dans la série, les clichés abondent et quelques gags tombent à plat, même si un tigre égaré dans un service de psychiatrie, c’est potentiellement drôle. Quelque chose empêche de croire à ces destins de soignants et de malades si vite entrelacés, à la folie partagée.
Des soignants aux intuitions pas toujours lumineuses
Au bout de quatre ou cinq épisodes, pourtant, HP gagne des points. Sa persévérance et sa constance rendent le parcours de l’héroïne et de ses satellites soudainement plus émouvant. Dans la peau de Sheila, fausse oie blanche par excellence, Tiphaine Daviot joue les sorties de piste plus ou moins contrôlées avec une sincérité étonnante.
La série devient plus nette, plus en phase avec elle-même. L’actrice se laisse aussi bousculer par l’énergie des autres, comme celle de Raphaël Quenard, qui joue Jimmy, son collègue clairement patraque dans sa tête, et qui la guide vers des extrémités inconnues. Finalement, le bal des patients qui se prennent pour Beyoncé ou pour un roi, et des soignants qui gèrent leurs intuitions pas toujours lumineuses, voire carrément dangereuses, prend forme.
Après dix épisodes, un désir d’encore voit le jour, et HP a installé sa petite musique grinçante dans nos têtes. C’est le signe des séries appelées à durer.
HP A partir du 6 décembre sur OCS Max. En intégralité sur OCS Go
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