L’auteur de BD Jeff Brown (« Clumsy », « Unlikely ») passe à la question cinéphile.
Une fois par mois, un auteur de bandes dessinées répond à notre questionnaire Cinébédé et nous parle du rapport qu’il entretient au cinéma et ses images, aussi bien à titre personnel qu’artistique. Histoire de voir ce qui du septième art parvient à s’insinuer dans le neuvième, et inversement.
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Êtes-vous cinéphile ?
Je ne crois pas vraiment pouvoir me dire cinéphile. J’aime le cinéma, je regarde énormément de films mais pas autant que je ne le voudrais, et je n’ai pas une énorme collection de DVD ou ce genre de choses… Je n’ai certainement pas non plus une connaissance considérable des films, des cinéastes et tout ça. Si j’avais plus de temps – tout particulièrement en ce moment avec un fils de un an qui complique un peu les velléités de sorties – je serais certainement bien plus cinéphile.
Citez et définissez 3 films chéris.
Dune de David Lynch : La première fois que je l’ai vu, je suis sûr que je me suis un peu ennuyé, ou tout du moins que je ne comprenais pas tout. Mais il y avait dans le film quelque chose qui donnait envie de le revoir encore et encore. Sa vision est très singulière, l’atmosphère est idéale, les acteurs se révèlent excellents dans des personnages très complexes. Un jour, j’aimerais produire ma propre adaptation en BD de ce film…
La trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson : D’accord, techniquement, c’est trois films distincts, mais ils vont les uns avec les autres. Enfant, j’étais un énorme fan de Tolkien, et ces films ont donné vie aux livres mieux encore que je n’aurais pu l’imaginer – à l’exception de la fin, qui traîne en longueur au-delà du nécessaire. Aucun autre film n’exploite mieux que ceux-ci les possibilités spectaculaires du « grand écran ».
Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry : Un film brillamment interprété, superbement réalisé, avec une musique parfaite de Jon Brion… Si le rôle du surréalisme consiste à prêter un peu de réalité à l’inconscient, alors ce film constitue l’achèvement le plus accompli du surréalisme sous toutes ses formes, à l’exception peut-être d’un autre Gondry également magistral, La Science des rêves. Et, profondément enracinée derrière tout cela, il y a une histoire d’amour.
Accessits à :
Brazil de Terry Gilliam
Jesus’ Son d’Alison Maclean
Bottle Rocket de Wes Anderson
Moulin Rouge de Baz Luhrmann
Quel écho trouve le cinéma dans votre technique et votre dessin (en termes narratifs, graphiques…)?
A un moment de mon parcours, j’ai pensé que je pourrais devenir storyboarder, donc peut-être qu’un peu de ma façon de raconter des histoires vient de là. Je pense que dans les films comme les bandes-dessinées, il n’y a rien que j’apprécie plus que l’invention d’une forme mise au service d’une idée, une pensée ou un sentiment.
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Et dans votre imaginaire ?
Parmi mes cineastes favoris figurent Terry Gilliam, Michel Gondry, Peter Jackson… Des réalisateurs qui ont le chic pour combiner imagerie fantastique et récit sensible. Alors que mes livres autobiographiques tendent à maintenir les choses au plus près de la réalité en termes visuels, mes carnets de dessin sont remplis de tentatives de développer une sorte de vocabulaire visuel fantastique.
Vous arrive-t-il parfois au cinéma de retrouver dans un film quelque chose de la BD ?
Rien que je me rappelle spécifiquement – d’habitude, j’ai surtout le vague sentiment que les sentiments que m’inspirent le film provoquent l’écho d’un sentiment déjà suscité par un livre ou une chanson. Il m’arrive aussi d’être frappé par un procédé dans un film et de disséquer la scène dans ma tête pour voir comment cela pourrait fonctionner sous une forme propre à la bande-dessinée. D’une certaine manière, c’est peut-être une autre façon de s’inspirer de la narration cinématographique, de prendre une histoire et essayer de voir comment raconter la même chose avec d’autres moyens.
Si vous deviez adapter un film en BD ?
Je retourne la question : si je devais faire de l’un de mes livres un film, j’imagine que ce serait Bighead. De tout mon travail, je croit que c’est celui-là qui potentiellement serait le plus à même de produire quelque chose d’amusant et d’original. Et pour prendre un livre dessiné par quelqu’un d’autre, disons que j’aimerais beaucoup voir un film adapté de Boulevard of Broken Dreams de Kim Deitch.
Dernier livre paru : Unlikely (Ego comme X, 2007)
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