Un canevas de comédie musicale classique passé, non sans une certaine efficacité, au rouleau compresseur de la pop mainstream et de l’animation animalière.
Un koala mise tout ce qui lui reste en formant une troupe pour sauver son théâtre. De quoi penser que la comédie musicale a le vent en poupe : en sortant la même semaine que la déferlante La La Land, Tous en scène surfe évidemment sur la même vague (et le distributeur français a eu le chic de reprendre le titre hexagonal du film de Vincente Minnelli sorti en 1952).
Les films ont pourtant deux façons opposées de rendre leur hommage au genre : si le Los Angeles de Ryan Gosling est un rêve nostalgique, un écho luxuriant du passé qui vibre au son du jazz, c’est au contraire un décor hypercontemporain, froidement mainstream, qui résonne ici au son de Taylor Swift, Katy Perry et de la pop la plus mercantile.
Un mélange de sucre, d’acide et de vitesse
Pourtant, Tous en scène nous accroche quand même. Peut-être même grâce à cette contemporanéité. Disons que s’il a toujours manqué au studio Illumination (un transfuge de Blue Sky à l’origine de Moi, moche et méchant et ses suites, et plus récemment de l’amusant Comme des bêtes) une respiration poétique, un sens naturel de l’émotion, bref, une âme, il faut pourtant reconnaître à leurs productions un pouvoir d’attraction, une capacité à s’adresser à tous les publics et à relever le goût de la soupe par un mélange de sucre, d’acide et de vitesse.
Une sorte d’utopie américaine
Ce n’est donc pas seulement en choisissant pour décor une ville peuplée d’animaux que le film s’inscrit dans le sillage de Zootopie, mais aussi en lui chipant son tempo, son humour, et en tendant un miroir déformant ultrapop au monde : une sorte d’utopie américaine solaire, citadine et commerciale, bercée par des idéaux de manuel de coaching (le développement personnel, etc.) et des mantras individualistes (“everyone is special”). On aimerait dire qu’on n’aime pas, et on se rend compte, honteusement, qu’on tape du pied en rythme…
Tous en scène de Garth Jennings (E.-U., 2016, 1 h 48)