Après des jours de mobilisation qui ont conduit le président à transférer la capitale de Quito à Guayaquil, le gouvernement a annoncé qu’il annulait le décret qui supprimait les subventions sur les carburants.
Est-ce l’épilogue de la grave crise sociale que traverse l’Equateur depuis début octobre ? Ce 13 octobre, le gouvernement s’est mis d’accord avec la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur (Conaie), qui protestait contre la suppression des subventions sur les carburants. Celle-ci a conduit à l’augmentation des prix des carburants à la pompe, jusqu’à 123 % pour le gazole, le carburant le plus utilisé en Equateur. Cette décision avait mis le feu aux poudres : les peuples autochtones s’étaient rendus en masse à Quito, et la grève générale avait été déclarée, sur fond d’affrontements avec la police.
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“Avec cet accord, la mobilisation se termine”
Cette crise sociale a conduit le président Lenin Moreno, affaibli, à trouver refuge à Guayaquil, où il a transféré le siège du gouvernement. Il a également décrété l’état d’urgence, et mis en place un couvre-feu à plusieurs endroits sensibles.
Mais grâce au retrait du décret polémique supprimant les subventions au carburant, un accord a finalement été trouvé, comme le rapporte Le Monde. Arnaud Peral, représentant en Equateur de l’Organisation des Nations unies (ONU), a ainsi déclaré qu’“avec cet accord, la mobilisation se termine”. Le président de la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur (Conaie), Jaime Vargas, a confirmé (en référence aux blocages de routes et aux grèves qui paralysent le pays) : “Les mesures appliquées dans tous nos territoires sont levées”.
Una solución para la paz y para el país: el Gobierno sustituirá el decreto 883 por uno nuevo que contenga mecanismos para focalizar los recursos en quienes más los necesitan. ¡Se recobra la paz y se detienen el golpe correísta y la impunidad! #DialogarEsElCaminoEC pic.twitter.com/QfeUJpUcMk
— Lenín Moreno (@Lenin) October 14, 2019
“Cela n’a jamais été mon intention d’affecter les plus démunis”
Les manifestations, qui durent depuis douze jours, ont fait sept morts, 1340 blessés et 1152 arrestations, selon le bureau du Défenseur du peuple, organisme public de défense des droits.
“Cela n’a jamais été mon intention d’affecter les secteurs les plus démunis (…), les plus pauvres”, a déclaré Lenin Moreno lors de l’ouverture de la réunion de dialogue, retransmise à la télévision. Jaime Vargas a répliqué, qu’“on sent que la droite et le FMI gèrent le pays”.
Pour rappel, Lenin Moreno avait été élu sous l’étiquette socialiste, comme l’héritier de Rafael Correa, avant d’entamer un virage libéral. Les mesures récentes prises par Lenin Moreno devaient compenser, dans son plan, le prêt de 4 milliards de dollars octroyé par le FMI.
#Ecuador ➡️ Pedido que hace Jaime Vargas, presidente de la Conaie, para que se derogue el Decreto 883. #VIDEO pic.twitter.com/ZvieChF5rq
— Oromartv (@oromartv) October 13, 2019
Comme nous l’expliquait le chercheur spécialiste de l’Amérique latine Christophe Ventura, “les peuples autochtones sont traditionnellement un des secteurs les plus radicaux. La Confédération des peuples autochtones (Conaie) a été au cœur des grandes convulsions sociales des années 1990, qui ont abouti à l’effondrement du pays et à l’arrivée de Rafael Correa en 2006. Ils ont été parmi les acteurs les plus mobilisés contre les plans d’ajustement structurel du FMI, que Lenin Moreno est en train de reprendre aujourd’hui.”
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