La création de Damon Lindelof fait l’objet d’une exégèse à quatre mains qui établit des ponts multiples avec la philosophie et la littérature.
Alors que Watchmen, signée Damon Lindelof, pointe son nez cette semaine sur HBO et OCS en France, l’universitaire Sarah Hatchuel et l’écrivain Pacôme Thiellement s’attaquent dans un essai fiévreux à l’œuvre précédente de l’ancien showrunner de Lost, pas la moins tortueuse ni la moins fascinante, The Leftovers. L’adaptation du roman de Tom Perrotta, qui mettait en scène la disparition soudaine de 2 % de la population mondiale dans une atmosphère de fin des temps, a connu trois saisons (2014-2017).
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De Nietzsche à Shakespeare
Le duo – qui alterne les textes – en propose une forme d’exégèse très personnelle, parvenant à convoquer à la fois Nietzsche (“Quelle dose de vérité un homme est-il capable de supporter ?”), Thomas More, les traditions juives et musulmanes ainsi que Shakespeare, abondamment cité : “Comme Hamlet (avec ses spectres, ses crânes et ses morts), The Leftovers (avec ses Disparus, ses fantômes et ses mannequins créés par la société Loved Ones) peut se lire comme une immense danse macabre”.
Hatchuel insiste sur la dimension écologique profonde et pessimiste de la série, tandis que Thiellement établit notamment des ponts avec Lost et surtout la troisième saison de Twin Peaks, survenue alors que The Leftovers proposait sa déroutante troisième saison. Conclusion : nous voici devant “un produit commercial qui a l’occasion de devenir sacré”. Et qu’il est urgent de revoir pour apprécier ce livre.
Olivier Joyard
The Leftovers, le troisième côté du miroir de Sarah Hatchuel et Pacôme Thiellement. Ed Playlist Society. 14 €
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