Devant et derrière la caméra, Ben Affleck propose un film de gangsters des années 1920. Mais il n’est pas assez méchant pour rivaliser avec le gang Trump de 2017.
S’il est une chose dont Ben Affleck ne manque pas, c’est de cohérence et de fidélité à ses marottes. Live by Night, son quatrième long métrage, est une nouvelle adaptation de Dennis Lehane (après Gone Baby Gone en 2007), débutant comme il se doit à Boston (sa ville natale comme celle de l’écrivain), pour se délocaliser rapidement sous les palmiers de la Floride.
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Dans ce pastiche de gangster movie Warner (et donc produit par ledit studio), l’aîné des Affleck joue un brigand irlandais au grand cœur, chargé par la mafia italienne de gérer, en pleine prohibition au milieu des années 1920, la contrebande et les tripots dans la zone de Tampa.
Ben Affleck se perd dans un récit trop touffu
Hélas, essayer d’être à la fois James Cagney (devant la caméra) et Raoul Walsh (derrière) était sans doute trop pour le sympathique acteur-auteur. Ecrasé par le poids de la reconstitution, Affleck se perd dans un récit trop touffu et pas assez consistant, multipliant les lignes de fuite de peur d’affronter la seule qui aurait mérité toute son attention : la question du mal.
Alors que les Etats-Unis sont passés entre les mains du parrain le plus désinhibé de leur histoire, il y a quelque chose d’anachronique, et triste, à voir le gentil Ben enfiler le costume du malfrat mais pas trop, prospérant sur le crime (mais défendant la veuve et l’orphelin), capable d’occire sans frémir (uniquement des membres du Ku Klux Klan)…
Tout sonne faux dans ce déploiement de vertu alors que les loups, les vrais, sont aux portes. Live by Night serait ainsi, d’une certaine façon, le parfait film de gangsters de l’ère Hillary.
Seule la géniale Elle Fanning tire, comme toujours, son épingle du jeu, dans le rôle d’une fille innocente partie à Hollywood, devenue pécheresse et revenue prêcheuse. A travers elle passe un frisson, une ambiguïté, une folie… elle est bien la seule, ici, à vivre la nuit.
Live by Night de Ben Affleck (E.-U., 2016, 2 h 08)
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