Dans son spectacle qu’elle présente pour la première fois en France dans le cadre du Festival des Arts de Bordeaux, Leah Shelton s’amuse des clichés australiens.
“Vous ignorez manifestement la règle numéro 1 de l’Outback australien : Ne jamais s’arrêter !” Et elle ne s’arrête jamais, l’amazone rideuse de pole dance Leah Shelton, qui passe à la moulinette de sa sensualité burlesque et engagée les clichés sur la société australienne. Très inspirée par les films d’horreur et le cinéma de Tarantino, Leah Shelton, codirectrice artistique de la compagnie australienne Polytoxic, présente pour la première fois son travail en France, à Bordeaux, travail qu’elle situe volontiers à la croisée de l’anti-cabaret, du théâtre, de la danse et de la performance…
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Safari cabaret
A ceux qui rêvent d’un safari au cœur de la culture et du folklore australiens, la danseuse performeuse convie à un “fucked up outback Contiki Tour that hacks Australia to pieces…”, une jolie promenade de santé en somme… “Afin que vous puissiez vous détendre et explorer le monde avec de jeunes voyageurs comme vous”, comme dit le voyagiste australien Contiki sur son site internet…
Plongée torride, horrifiante et burlesque au cœur de l’identité mâle
Mais, comment dire, s’il est parfois des chasses aux kangourous sur les terres arides et ocre de l’arrière-pays australien plus surprenantes que d’autres, celle-ci enchaîne sans s’arrêter et avec frénésie les séquences de la vie quotidienne, comme autant de cartes postales jetées à la volée. Ce safari cabaret, Songe d’une nuit d’été version aussie où l’on croise de drôles d’ânes, se veut aussi une plongée torride, horrifiante et burlesque au cœur de l’identité mâle, toute de patriotisme exacerbé.
L’on y croise aussi des dingos (les chiens) et des crétins (les mâles). Leah Shelton jongle avec les clichés dans un pur esprit de divertissement. Il n’y a pas ici de sous-texte politique, mais un véritable show “à l’américaine”, enchaînant images sucrées, farces érotico-burlesques et numéros clownesques, comme dans une soirée diapo post-safari.
Interpellant gentiment le public, faisant monter sur scène le type chauve du premier rang pour une interprétation plastique de Crocodile Dundee, sautant dans une valise pour faire un numéro de jambes à trois ou bien encore tournoyant, perchée à son étendoir à linge servant tour à tour d’espace de projection et de pole dance, Leah Shelton non seulement ne dénonce pas les clichés dont elle s’empare, mais les érige en vérité première.
Echappée salutaire au Festival des Arts de Bordeaux
Face à cette façon burlesque et presque potache de parler des mouvements profonds qui parcourent nos sociétés, le Festival des Arts de Bordeaux propose d’autres manières de dire le monde, comme avec le Concours européen de la chanson philosophique de Massimo Furlan, qui ne manque pas de dérision tout en célébrant la pensée. Ou bien avec Retour à Reims de Thomas Ostermeier, une plongée bouleversante et d’actualité dans l’œuvre émouvante de Didier Eribon. Il y a aussi Rebota rebota y en tu cara explota de l’Espagnole Agnés Mateus, actrice de Rodrigo García, qui, avec force et drôlerie, explose les clichés et offre une échappée salutaire à la pensée dominante.
Terror Australis de Leah Shelton, du 18 au 19 octobre, Théâtre Garonne, Toulouse
Festival des Arts de Bordeaux jusqu’au 20 octobre
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