D’abord, on se réjouit, par principe, que le prix Nobel de littérature ait été décerné à une femme cette année, la poétesse américaine Louise Glück. Depuis la création du prix en 1901, on compte (toutes catégories confondues) 54 lauréates pour 866 hommes. Et puis c’est toujours mieux que la trop pressentie Margaret Atwood, qui a fait du féminisme son fonds de commerce au point de livrer un roman bâclé, adolescent, sans littérature en guise de suite à sa Servante écarlate.
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Moins excitant qu’Annie Ernaux, moins fort qu’Asli Erdoǧan
Mais c’est moins excitant qu’Annie Ernaux, pressentie elle aussi depuis plusieurs années, dont l’œuvre et l’écriture, puissantes, innovent sur le plan littéraire et disent le parcours d’une transfuge de classe. L’Académie suédoise semble mettre un point d’honneur à choisir désormais la vertu littéraire contre tout contexte politique. Au point de récompenser le copain de Milošević, Peter Handke, l’année dernière. Dommage. Cette année, plus que jamais, les écrivain·es en danger dans certains pays auraient bien bénéficié de la protection d’un prix Nobel et, à travers lui, d’un soutien international.
En 2020, récompenser, par exemple, la Turque Asli Erdoǧan, qui a été emprisonnée sur ordre du despote Erdogan en Turquie, aurait été un acte d’une force inouïe, aurait signifié quelque chose. Récompenser Louise Glück l’est beaucoup moins.
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