Un docu filmé avec amour sur la flamboyance (et les cicatrices) du premier catcheur à avoir revendiqué son homosexualité.
Depuis quinze ans, Marie Losier ne cesse de filmer des artistes de l’underground new-yorkais, musiciens (Alan Vega, April March) ou cinéastes (Jonas Mekas), dans de superbes portraits en 16 mm, dépassant rarement la demi-heure, à l’exception de The Ballad of Genesis and Lady Jaye en 2011 (sur la performeuse Genesis P-Orridge). Cassandro, l’exótico, le “luchador” qu’elle a choisi de suivre dansce second long métrage, n’est au fond pas différent : son art à lui,la “lucha libre” (ou catch mexicain) tient d’abord de la performance corporelle, exigeant une théâtralité et des transformations physiques plus ou moins radicales (musculation, chirurgie, coiffures…).
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Le film retrace avec amour le parcours de ce “luchador exotique”, unique parce qu’il fut le premier, dans cette discipline machiste, à revendiquer son homosexualité, tout en alignant les trophées. Et comme dans tout “biopic”, Marie Losier raconte les hauts et les bas, de la ceinture de champion du monde au puits sans fond des addictions… Mais là où le film se fait le plus fascinant, c’est lorsque la cinéaste approche sa caméra des blessures et des cicatrices de Cassandro,dévoilant le coût exorbitant desa flamboyance, le rapprochant ainsi, d’une certaine manière,de Genesis P-Orridge, héros transformiste de son précédent long métrage, qui voulait dépasser son corps. L’usage du 16 mm,dans sa matérialité et sa fragilité, avec ses
trucages primitifs,sa patine et son aspect bricolé, prend alors tout son sens.
Cassandro the Exotico ! de Marie Losier (Fr., 2018, 1 h 13)
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