Crise environnementale et omniprésence de la technologie : cette semaine, retour sur la fashion week parisienne qui s’empare de ces sujets.
Autour des sneakers véganes de Rombaut
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Pour le lancement de sa nouvelle ligne, Dysmorphia, le chausseur Mats Rombaut s’est installé le temps d’une soirée au siège du Parti communiste, à Paris. Inspiré par les chaussures médicales, qu’il envisage comme une solution symbolique à l’urgence écologique, Rombaut propose des talons biodégradables qui, disponibles pour les hommes et les femmes, cassent les codes de genre.
Le long de la couture pixélisée d’Alphonse Maitrepierre
(Capture d’écran de la vidéo Maitrepierre Mimesis)
Diplômé de l’école de La Cambre, à Bruxelles, en 2016, Alphonse Maitrepierre commence sa jeune carrière chez Jean Paul Gaultier et produit alors des coupes quasi-couture. Passionné par la mode des années 1950 et 1970, il propose en parallèle une réflexion plus large sur la société de l’image et de la technologie. Sa pratique assemble donc deux aspects contradictoires au premier abord : des motifs pixélisés et 3D sur des vêtements au savoir-faire poussé – une rencontre entre deux mondes.
Après avoir dirigé la maison Courrèges, Arnaud Vaillant et Sébastien Meyer ont relancé leur label Coperni. Loin d’un défilé traditionnel, ils ont présenté un film projeté dans une boutique Apple, où l’on découvrait des accessoires et des silhouettes en clin d’œil au logo wifi ou à l’option “mode Avion” des iPhone. Une collection qui abat les frontières entre le digital et le tangible, et qui en dit long sur la place de la technologie dans nos vies.
Intitulée Marée noire, la dernière collection de Marine Serre, gagnante du prix LVMH 2017, a dévoilé des notes dystopiques et militaires. Bijoux industriels, vinyle, anorak tente et harnachements, le tout quasi intégralement en noir, il s’agit de créer un monde qui fasse écho aux peurs liées au réchauffement climatique.
Toujours très attendu depuis la nomination du duo de Botter – Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh -, le show Nina Ricci nous a offert un vent de fraîcheur et de légèreté en comparaison de nombreuses propositions dystopiques et nihilistes. Lunettes rondes oversize, sacs et chapeaux aux élans de pots de fleurs roses bonbon justifiant le thème du show, les accessoires marquent.
La collection apparaît également comme un curieux – et parfois un peu naïf – mélange des codes. Des looks enfantins et colorés s’enchaînent, puis laissent place à des robes aux tombés légers et coutures. Sur les tuniques structurées en mousseline, un logo Nina Ricci rajeunit le tout. Le duo nous offre donc une proposition bienvenue, et continue de réfléchir à une nouvelle féminité mutine Nina Ricci.
Sur une veste en cuir remixée Paul Smith
Paul Smith SS20 (Courtesy of Paul Smith)
L’enfant terrible de la mode anglaise, Paul Smith, nous propose cette saison une collection étonnante car différente. La maison, très portée sur les remix de classiques de la société anglaise (uniformes, blazer à plastrons et autres smokings au tailoring parfait), livre cette fois une ligne presque androgyne, aux coupes et couleurs sobres, quasi scandinaves. Vestes en cuir grises cintrées chez les hommes comme chez les femmes floutent les frontières de genre. Cette proposition fraîche s’accorde parfaitement aux classiques de la marque beaucoup plus pop et british, toujours bien présents !
Sur un col couronne Y/Project
Y/Project SS20 (Giovanni Giannoni)
Comme à son habitude, le belge Glenn Martens, nous offre une proposition dans la continuité de ce qui fait le succès de la marque Y/Project, depuis sa reprise, en 2013. Plissés soignés et détournés, coupes savamment asymétriques et accessoires pointus (bijoux oversize et lunettes)… Le tout tiré de plusieurs influences historiques : Moyen Âge, tenues traditionnelles bavaroises, et détails Belle-Epoque. Mais cette saison, ce sont les grands cols torsadés, signatures de plusieurs silhouettes, robes et tops, qui attirent notre regard. Soulignant le décolleté façon Renaissance, ces cols ovales soulignent encore une fois l’influence de l’architecture sur la création de Martens.
Dans les coiffures d’Ottolinger
Ottolinger SS20 (Shoji Fuji)
Dans une ambiance dystopique, les mannequins arborent des coupes des plus contemporaines – un travail de délavage en trompe l’œil, et des tops faits de baskets déconstruites. En contraste radical, chacune est coiffée d’une frange microscopique et de deux mèches laquées, comme un Riquet à la houppe des temps modeux. Une touche théâtrale qui juxtapose le familier et le novateur.
A bord du bateau Courrèges
Bateau Courrèges SS20 (Courtesy of Courrèges)
Autour du Canal Saint-Martin, les invités attendent parapluie à la main. Un bateau-mouche surgit, et la chanteuse Lafawndah emplit l’espace de sa voix. Les mannequins rentrent et sortent de leur embarcation et défilent sur les quais, tout de monochrome vêtus. A la fin de la présentation, Yolanda Zobel, la directrice artistique, sort de son canot hype, salue, avant de disparaître à l’horizon. La vie n’est pas un long fleuve tranquille !