Marquée notamment par des créations très originales et des expériences atypiques, la première édition de la Biennale des arts vivants se déroule à Toulouse jusqu’au 12 octobre.
Initiée par le ThéâtredelaCité, lui-même en pleine renaissance sous l’impulsion de Galin Stoev (à la tête du TdC depuis janvier 2018), la Biennale internationale des arts vivants aspire à “créer une joyeuse dynamique d’ouverture de saison les années impaires”. Fédératrice, elle rassemble une trentaine de structures culturelles – de nature et taille très diverses – de la métropole toulousaine. Y participent ainsi notamment plusieurs places fortes de la création artistique contemporaine telles que le Théâtre Garonne, La Place de la Danse, les Abattoirs ou encore le Théâtre Sorano.
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Disséminée dans de multiples lieux à – et autour de – Toulouse, cette première édition invite le public à découvrir plus de cinquante projets : pièces de théâtre ou de danse, performances, créations hybrides, expositions, soirées musicales… Résolument inscrite dans l’espace urbain, elle propose également des expériences atypiques comme La nuit des Autrices, un parcours dans la ville dédié à des femmes de lettres, ou Cargo Texas-Toulouse, une création itinérante du collectif Rimini Protokoll qui se déroule à bord d’un camion – transformé en salle de représentation – roulant de nuit à travers la périphérie de Toulouse.
Féerie mélancolique
Du côté des spectacles, Je me souviens Le Ciel est loin la terre aussi d’Aurélien Bory et Mladen Materic – présenté ici en création – constitue l’un des principaux points d’attraction. Le projet est tout à fait original : ayant vu Le Ciel est loin la terre aussi (une des premières pièces de Mladen Materic) en 1994 à Toulouse, où il venait de s’installer, Aurélien Bory a eu envie de créer une nouvelle pièce à partir de l’originelle et des traces, profondes, qu’elle a inscrites en lui.
Conçu en binôme avec Mladen Materic, le résultat se révèle très séduisant. Reprenant certaines parties de la pièce de Materic (éléments de décor, accessoires, costumes, sons, lumières), Je me souviens Le Ciel est loin la terre aussi leur redonne vie d’une autre façon, en un flottement teinté de féerie mélancolique entre le passé et le présent – mais aussi entre le rêve (ou le souvenir) et le réel. Orchestré par Aurélien Bory, lui-même présent sur scène, et scandé par une superbe musique originale de Joan Cambon, ce palimpseste théâtral sans parole envoûte et stimule grandement l’imaginaire, en particulier grâce à une scénographie très inventive et suggestive, qui embrasse un large spectre de moyens d’expression – du théâtre d’ombres à la vidéo.
Est également présentée en création une autre pièce, tout aussi originale : IBIDEM de la compagnie OBRA. Basée dans le Gers et dirigée par la metteure en scène anglaise Kate Hannah Papi, cette compagnie pluridisciplinaire et internationale développe des projets scéniques hybrides, sans utiliser de textes théâtraux. Se fondant notamment sur des entretiens réalisés durant deux ans avec des habitants du Gers, IBIDEM se saisit des questions du territoire, de l’identité, et de l’appartenance à un lieu, et leur confère une forte résonance à travers une pièce sans territoire fixe, quelque part entre théâtre, danse et musique. Très proches du public, quatre interprètes et un musicien, doté d’un riche attirail de percussions, se partagent la scène et déploient un flux extrêmement dynamique de mots (en plusieurs langues), de mouvements et de notes – un flux qui emporte et captive de bout en bout.
Douce dinguerie
Montrée en première française, Narcisse et Echo de David Marton – nouveau représentant majeur du théâtre musical – se caractérise aussi par une belle dynamique scénique. S’inspirant notamment des Métamorphoses d’Ovide, le metteur en scène hongrois revisite allègrement les mythes de Narcisse et Echo sous la forme détonante d’un opéra post-moderne, traversé tout du long par une douce dinguerie.
Conçue et interprétée par le Singapourien Daniel Kok et l’Australien Luke George, Bunny propose, quant à elle, de partager une expérience unique dérivant de l’univers du bondage. Nantis de cordes, ficelles et autres accessoires (le tout très coloré), les deux performeurs se livrent durant près de deux heures à une sorte de cérémonie du ligotage, à laquelle le public participe également. Si elle manque un peu de consistance dramaturgique, cette pièce très intimiste suscite néanmoins un moment assez intense, fondé sur l’empathie et la confiance, et offre une parfaite illustration de l’expression « créer du lien ».
La Biennale Arts vivants/International de Toulouse, jusqu’au 12 octobre.
Je me souviens Le Ciel est loin la terre aussi, d’Aurélien Bory et Mladen Materic, du 16 au 18 octobre à la Comédie de Colmar.
IBIDEM, compagnie OBRA, les 28 et 29 novembre à Auch (CIRCa), le 8 février 2020 à Lattes (Théâtre Jacques-Cœur)
Narcisse et Echo, de David Marton, du 13 au 17 décembre au Nouveau Théâtre de Montreuil, le 20 décembre à Vélizy-Villacoublay (L’Onde), du 29 au 31 janvier 2020 à Strasbourg (Le Maillon), les 8 et 9 avril 2020 au Théâtre de Caen, les 15 et 16 avril 2020 à Besançon (Les 2 Scènes), les 28 et 29 avril 2020 au Théâtre de Lorient, les 26 et 27 mai 2020 à Bayonne (Scène Nationale du Sud-Aquitain).
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