Caroline Fourest rend hommage à la guérilla féminine en Syrie dans une épopée pompeuse.
Pour son premier long métrage de fiction, la journaliste féministe Caroline Fourest, controversée par le passé en raison de ses prises de position sur la laïcité flirtant pour certains avec l’islamophobie, avait trouvé là un sujet pouvant incarner au mieux ses obsessions : la lutte contre l’extrémisme religieux par des combattantes kurdes en Syrie, en entrelaçant plusieurs portraits féminins (une rescapée yézidie, deux Françaises et une cheffe de bataillon).
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Des lourdeurs théoriques
Problème : le film arrive un an après Les Filles du soleil d’Eva Husson, qui brassait la même actualité, et apparaît du coup un peu essoré. Mais plus gênant est le traitement qu’en propose la réalisatrice.
Sous prétexte de faire justice et de réparer les infamies infligées aux femmes par les djihadistes, Sœurs d’armes alterne les séquences de pathos et de refrain va-t-en-guerre, comme si la liberté et l’égalité des droits que défend Fourest passaient avant tout par la capacité des femmes à manier aussi bien une mitraillette que leurs homologues masculins.
De lourdeurs théoriques (« Ma seule religion, c’est la montagne ») en scènes d’action aux allures de spot publicitaire (une course-poursuite tonitruante dans le désert), le discours vertueux finit par se fissurer au profit d’une spectacularisation balourde de la violence.
Sœurs d’armes de Caroline Fourest, avec Dilan Gwyn, Amira Casar, Camélia Jordana, Esther Garrel (Fr., It., 2019, 1 h 52)
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