Le quatuor new-yorkais joue vite, fort et spontané : suffisamment imparfait pour nous enthousiasmer.
Si l’underground était un discours, WIVES en serait le ghostwriter : “Il n’est pas nécessaire de mentionner que l’on vient de New York, mais je pense que ça peut aider les gens à mieux comprendre notre musique”, nous confie Jay Beach. Dans l’arrière-boutique de la salle du Supersonic, à Paris, le leader du groupe évoque les Queens et Brooklyn, Television, le Velvet, quand Alex Crawford, bassiste branleur, regarde plutôt en direction de Chicago et balance le nom de The Jesus Lizard. Puis tombe le nom des Pixies, et les souvenirs de lycée qui vont avec : Jay écoutait Doolittle avec son pote Adam Beverage au lieu d’aller à la cantine. Beverage ! Ça ne s’invente pas.
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Voilà pour les références, que chacun, selon son oreille et son éducation musicale, retrouvera dans So Removed, premier album de WIVES. Mais autant y aller franco : Jay a une dent contre les rétroviseurs, l’historicisme et les baby-boomers : “J’adore Let It Bleed, mais a-t-on encore besoin de mettre les Rolling Stones en une des magazines ?”
Pas d’échauffement avant les sessions, pas d’entraînement
Bonne question. On pourra dire que WIVES joue du rock comme on n’en fait plus, il serait néanmoins plus juste de dire que le groupe fait de la musique comme on en a toujours fait : imparfaite, directe et fondamentalement démocratique dans le sens où n’importe quel gamin grattant trois accords à la guitare aura l’impression de pouvoir mettre en boîte le même disque.
“Chuck Berry, Bo Diddley, ils se contentaient de se pointer au studio avec une poignée de musiciens sans savoir ce qu’ils allaient faire”, rigole Adam Sachs, le batteur. La formation new-yorkaise a ainsi une politique très stricte : pas d’échauffement avant les sessions, pas d’entraînement. Adam et toute la clique se contentent d’arriver en studio, au milieu de la nuit parce que c’est moins cher, et jouent jusqu’à ce que les titres ramenés par Jay Beach ressemblent à quelque chose.
“Parfois on enregistre d’une traite, parfois la chanson ne ressemble plus du tout à ce que j’avais écrit”, explique ce dernier. Une façon de rester alerte et de conserver une énergie punk qui fait de So Removed l’un des disques les plus enthousiasmants de l’année. Le genre qui nous ferait presque dire : “C’est trop beau pour être vrai.”
Album So Removed (City Slang/PIAS)
Concerts Le 9 novembre, Angers (Joker Bar), le 10 novembre, Lorient (Festival Les Indisciplinées) et le 28 novembre, Paris (Point Ephémère)
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