Le 19 octobre marquera le lancement d’une balade décoloniale dans les rues parisiennes, qui se penchera sur l’héritage colonial de la France.
De l’avenue Bugeaud, en référence au gouverneur général en Algérie française, en passant par la rue Bonaparte, qui remis en vigueur le Code Noir -un recueil d’une soixantaine d’articles qui régissait la vie des esclaves noirs dans les colonies françaises-, les traces de la colonisation semblent toujours intactes à Paris.
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En réaction, des jeunes, entre 18 et 28 ans, de différentes organisations militantes telles que le Front Uni des Immigrations et Des Quartiers Populaires (FUIQP) ou encore Contrevent, une association d’éducation populaire basée à Grenoble, ont décidé d’organiser une balade décoloniale dans la capitale.
Une balade qui raconte l’Histoire invisibilisée
La balade décoloniale consiste à se rendre dans des lieux et des rues nommés d’après des militaires, politiciens, artistes qui ont contribué à la colonisation française. Il s’agit pour les bénévoles des organisations militantes de coller en dessous du nom de la rue celui d’une contre-figure ou d’un événement emblématique, qui symbolise la décolonisation et/ou la lutte contre le racisme.
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Samedi 19 octobre, les militants du FUIQP Paris-Banlieue organiseront une déambulation centrée sur la question des violences policières sur les personnes racisées. Une date qui ne semble pas choisie au hasard, puisqu’elle coïncide – presque – avec le massacre du 17 octobre 1961, où la police française avait exécuté plusieurs manifestants algériens à Paris.
D’après l’événement posté sur Facebook par le FUIQP Paris-Banlieue, le rendez-vous se situera “au pied de l’église Saint-Bernard de la Chapelle (dans le 18e arrondissement de Paris), haut lieu de la mémoire des sans-papiers”.
Ce lieu fait référence à l’évacuation violente de 300 Africains sans-papiers, réfugiés depuis près de deux mois dans l’église le 23 août 1996, que les militants rebaptiseront “avenue des sans-papiers”.
Il s’agira, entre autres, de rebaptiser la rue Caillié en référence à René Caillé, explorateur en Afrique, que les militants du FUIQP renommeront “rue des Chibanya et Chibanis”. Avec du papier autocollant, les activistes vont également renommer la rue de Tanger en “Zineb Redouane”, une octogénaire tuée par une grenade lacrymogène tirée par les forces de l’ordre lors d’une manifestation à Marseille.
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Pour chaque lieu, “il faut prendre la parole, afin d’expliquer les raisons pour lesquelles nous rebaptisons cette rue”, explique les militants du FUIQP.
Pour les activistes participants, c’est un acte de résistance et une manière de raconter à nouveau les faits historiques. À Grenoble, les militants de Contrevent avaient par ailleurs déjà organisé plusieurs balades décoloniales. Ces diverses balades avaient pour but de faire entendre “l’histoire oubliée dans le récit historique des élites et divergentes des formes académiques”, comme le dit Sacha Tagbe, militante à Contrevent.
Cela consiste à “chercher et à analyser les structures coloniales mais aussi à mettre en avant les parts d’ombres des personnages historiques, des personnages ambigus tels que Jules Ferry, Victor Hugo, Voltaire ou Élisée Reclus, militant anarchiste”, a conclu la militante.
https://www.facebook.com/events/537424686827619/
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