Retrouvez ici notre sélection hebdomadaire de spectacles.
“Othello”, de Shakespeare, mise en scène Arnaud Churin
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Un parti pris radical, tel est le choix d’Arnaud Churin dans cette version adaptée de William Shakespeare, où Othello est le seul blanc au milieu de noir.e.s : “Car le Blanc, dans nos représentations artistiques, culturelles et dans nos imaginaires, est comme rendu invisible… Le Blanc n’a pas de couleur : ‘Ce sont les autres qui sont différents.’ Notre proposition d’inverser ‘les couleurs’ vise à raconter l’histoire : en restant au plus proche du texte de Shakespeare, en affirmant que la couleur n’est pas essentielle dans l’histoire, nous souhaitons démontrer que c’est la différence qui est nécessaire pour faire jouer le sens des mots de Shakespeare.” A voir au théâtre des Abbesses du 3 au 19 octobre, avec Mathieu Genet dans le rôle d’Othello, Moanda Daddy Kamono dans celui de Iago, et Julie Héga dans celui de Desdémone.
“L’Absence de père”, mise en scène Lorraine de Sagazan
Revisiter les grands textes du répertoire théâtral pour interroger notre époque est au cœur du cycle que clôt Lorraine de Sagazan avec L’absence de père, librement adapté de Platonov d’Anton Tchekhov (après Démons de Lars Norén et Maison de poupée d’Henrik Ibsen). A travers la figure de Platonov se dessine le portrait d’une génération “dubitative face à son héritage, et qui se cherche dans une grande sensation de solitude face à une société hostile”. Rappelant que “la pièce, dont le titre serait plus justement traduit par L’Ere des Enfants sans Père, [est] inachevée, immense, construite dans l’absence de regard, brute, débarrassée du savoir faire de l’auteur confirmé que Tchekhov deviendra”, elle devient dès lors un “gigantesque brouillon dont les absences et les aspérités sont au plus proche de la vie même, et posent la question du déterminisme.” Un matériau idéal pour projeter sur le plateau les questions que posent à la nouvelle génération les effets de plus en plus violents de ce que l’on nomme la fracture sociale. A voir à la MC93 de Bobigny, du 4 au 11 octobre.
“Sur les bords #1”, un week-end de performances au T2G
Ce week-end d’ouverture de saison au T2G (théâtre de Gennevilliers) est dédié aux performances et “conçu comme un réseau de lignes, d’espaces d’écoute et de fictions qui se répondent d’un jour à l’autre”. Il est le premier d’une série déclinée sur toute la saison à partir d’une interrogation, “D’où tu regardes ?”, de façon à déplier, à chaque session, plusieurs hypothèses de relation à l’œuvre. Présenté du 4 au 6 octobre dans le cadre du festival d’Automne à Paris, il verra défiler sans discontinuer Antonia Baehr, Latifa Laâbissi, Nadia Lauro, Marcus Lindeen, Ariane Loze, Mathilde Maillard, Mette Ingvartsen, Dominique Petitgand, Julien Prévieux, Vincent Thomasset et DUUU Radio. Dense et intense !
FAB – Festival international des Arts de Bordeaux Métropole
“We can be heroes” annonce, en guise de thématique, le FAB, le Festival international des Arts de Bordeaux Métropole, qui se déroule du 4 au 20 octobre. A l’instar de Suite pour transports en commun de Caroline Melon ou de La Traversée de Bordeaux Métropole de Laurent Boijeot et Sébastien Renauld, le Festival des Arts de Bordeaux occupe le territoire dans toute son étendue, célébrant donc avec humour, voire un sens aigu de la dérision, les héros, petits et grands, du quotidien et d’ailleurs…
Au charme doux et policé de « la belle endormie » sur les bords de la Garonne fera face la rudesse du monde dont elle semble vouloir s’abstraire. Ainsi, l’actrice à tête de clown Agnés Mateus, venue en voisine de Barcelone, criera la violence faite aux femmes en Espagne ; l’Australienne Leah Shelton dégommera l’hétéro-patriarcat en faisant de la pole dance sur son étendoir à linge ; la Brésilienne Alice Ripoll réunira neuf jeunes danseurs des favelas de Rio pour un témoignage explosif sur la jeunesse d’aujourd’hui… tandis que la Belge Aline Fares donnera une conférence gesticulée sur l’effondrement du système bancaire. Et elles seront nombreuses encore, les femmes du FAB, à dire leur désarroi et leurs engagements à un moment où, en effet, il n’est plus temps de se taire.
“The Indian Queen”, de Henry Purcell, mise en scène Guy Cassiers
Début de saison dépaysant à l’Opéra de Lille avec The Indian Queen de Henry Purcell (du 5 au 12 octobre), dirigé par Emmanuelle Haïm et mis en scène par Guy Cassiers – lesquels avaient déjà signé ensemble Xerxès de Cavalli, en 2015, dans la même maison. Une saison, on le voit, placée sous le signe du voyage et qui nous emmène en Amérique Latine “sur les terres exotiques des Incas et des Aztèques, tels que les fantasment Purcell et ses contemporains”. The Indian Queen est un semi-opéra, genre fort prisé en Angleterre de la fin du XVIIe qui mêle théâtre parlé et chant, et où théâtre et musique sont autonomes.
Ce faisant, notre équipe artistique a reconstruit l’œuvre, insérant d’autres pièces de Purcell ou de ses contemporains. Le fond reste inchangé : guerre entre deux royaumes, violence politique, sacrifice… Pour Guy Cassiers et Erwin Jans, son dramaturge, on y voit surtout “l’histoire de relations familiales profondément perturbées, et l’histoire d’une usurpation politique (…) En outre, il y a le contexte colonial. L’histoire se déroule en Amérique du Sud, un parfait exemple de l’exotisme, cette vision pittoresque d’autres cultures qui hante l’imaginaire occidental depuis la conquête des Amériques, et qui continue à nous habiter. Le récit de la violence passée sous silence et le message colonial problématique sont pour nous les perspectives à partir desquelles mettre en scène à notre époque The Indian Queen.”
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