[Christophe Honoré et Les Inrocks 4/7] De Kim Wilde à Jean Ferrat, de Massive Attack à Alain Barrière, des Cowboys Junkies à François de Roubaix, notre choix des musiques qui ont infusé l’œuvre du réalisateur des “Chansons d’amour”.
Après Houellebecq, Godard, Gossip, Isabelle Huppert ou Oasis, c’est au tour de Christophe Honoré de faire l’objet d’une série exceptionnelle alors que Chambre 212 est en salle et qu’il a été le rédacteur en chef invité de notre numéro du 2 octobre.
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Elli Medeiros A Bailar Calypso (17 fois Cécile Cassard, 2002) Dans L’Infamille, roman de 1997, Christophe Honoré évoque “un vieux tube des années 1980 qui dit ‘les papillons en l’air’… ” Extrait du même album d’Elli Medeiros que Toi mon toit, A Bailar Calypso apparaît dans 17 fois Cécile Cassard. Quant à la Calypso évoquée, il s’agit de la fille d’Elli & Jacno pour laquelle Christophe Honoré réalisera le clip du single Le Jour en 2017.
On a laissé les clés de la rédaction à @ChHonore cette semaine 🔥
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Pijon Cache cache party (Plaire, aimer et courir vite, 2018) Le très rennais Plaire, aimer et courir vite, parcouru de tubes pop nineties, ne pouvait faire l’économie d’une évocation d’Etienne Daho même si elle n’est qu’en filigrane : ce sera donc cette Cache cache party (1986, donc eighties) de Jérôme Pijon, où le chanteur rennais d’adoption se cache à la production.
Kim Wilde Cambodia (Dans Paris, 2006) De cette pop des eighties qui laisse penser que l’époque était faite de légèreté et d’insouciance, on retiendra bien sûr le Cambodia de Kim Wilde qui permet, dans une courte séquence, à Romain Duris de se libérer du carcan sinistre qu’est le Paris des années 2000 et duquel il se désenglue brièvement par la grâce de la star platine d’une autre époque.
Retrouvez toute notre série Christophe Honoré
>> Episode 1 : Christophe Honoré en 2009, l’interview fleuve
>> Episode 2 : 2005, Honoré brouille les pistes avec son Livre pour enfants
>> Episode 3 : 2012, rencontre avec Honoré autour de sa pièce Nouveau Roman
>> Episode 5 : Dans Paris de Christophe Honoré : comment être cinéphile et vivant ?
>> Episode 6 : Les chansons d’amour préférées des interprètes des Chansons d’amour
>> Episode 7 : [En vidéo] Chiara Mastroianni, Camille Cottin, Benjamin Biolay et Vincent Lacoste
Cyndi Lauper Hymn to Love (Ma mère, 2004) Autre star des eighties (Girls Just Want to Have Fun, Time After Time, True Colors), Cyndi Lauper apparaît dans Ma mère par le biais d’un projet plus tardif, At Last (2003), disque de reprises où, à deux reprises, elle revisite Piaf. Pour l’anecdote, c’est au héros d’Alphaville de Jean-Luc Godard, Eddie Constantine, qu’on doit les paroles anglaises de cet Hymne à l’amour.
Eileen Ces bottes sont faites pour marcher (Les Bien-Aimés, 2011) Dans ses choix musicaux, le cinéaste est adepte des pas de côté. Ainsi pour Les Bien-Aimés ne choisit-il pas These Boots Are Made for Walkin’ version Nancy Sinatra, mais celle d’une autre chanteuse américaine, Eileen contemporaine de Nancy mais qui choisit de chanter en français.
Anika I Go to Sleep (Les Bien-Aimés, 2011) Pour clore en beauté ces mêmes Bien-Aimés, Christophe Honoré élit l’interprétation éthérée de I Go to Sleep d’Anika, une proche des Bristoliens de Portishead, énorme tube des Pretenders en 1981 et que la chanteuse Chrissie Hynde avait emprunté à son compagnon de l’époque, Ray Davies, qui l’avait écrite pour The Kinks en 1965.
Cowboy Junkies I’m So Lonesome I Could Cry (Plaire, aimer et courir vite, 2018) Autre revisite avec les Canadiens des Cowboy Junkies à la discographie aussi courte que richissime et qui s’étaient signalés notamment par une belle faculté à s’attaquer avec un talent inouï à des titres intouchables comme le patrimonial Blue Moon, le Sweet Jane de Lou Reed ou ce poignant cri de désespoir de Hank Williams.
The Turtles Happy Together (Ma mère, 2004) On pourrait voir malice dans ce choix du standard sixties des Turtles Happy Together pour illustrer les troubles relations mère/fils inspirées de Georges Bataille. Mais Happy Together est aussi un titre éminemment cinématographique puisque film majeur de Won Kar-wai de 1997 et chanté par les Leningrad Cowboys, créatures du finlandais Ari Kaurismäki, en compagnie des chœurs de l’Armée rouge.
Two Door Cinema Club Come Back Home (Homme au bain, 2010) Cette suite de reprises et de standards ne doit pas occulter le fait que Christophe Honoré saisit toujours au vol l’air du temps et la bande-son qui va avec. Ainsi pour Homme au bain s’empare-t-il du Come Back Home des Irlandais de Two Door Cinema Club qui convient à merveille à un film qui se partage entre New York et Gennevilliers, entre celui qui part et celui qui reste.
Citizens True Romance (Nouveau roman, 2012) En tant que metteur en scène de théâtre, il guette de même le morceau idéal pour teinter de contemporanéité un texte où il est question de Marguerite Duras, Claude Sarraute, Claude Simon, Michel Butor et autres tenants d’un Nouveau roman né bien avant 2012. Mais c’est bel et bien cette année-là qu’on découvre les explosifs Citizens dont, il faut bien le dire, on n’a eu guère de nouvelles depuis.
The Antlers Thirteen (Fin de l’histoire, 2012) Pour sa deuxième mise en scène de théâtre en 2012, Fin de l’histoire d’après Witold Gonbrowicz, Honoré reste branché à son époque avec un beau doublé de groupes quelque peu oubliés mais qu’on a toujours plaisir à entendre quand ils se rappellent à notre bon souvenir : The Antlers (avec le flamboyant Thirteen) et Guards (et son vaporeux I See It Coming).
Experience Deux (17 fois Cécile Cassard, 2002) Ainsi aussi le merveilleux Deux orne de sa sombre lumière 17 fois Cécile Cassard comme toujours lorsque Michel Cloup (ex-Diabologum et actuellement en duo) est de la partie, même si c’est bien la danse langoureuse orchestrée sur le Pretty Killer de Lily Margot et Alex Beaupain qui nous revient plus évidemment en mémoire quand on songe à ce film (même si d’aucuns rétorqueront par La Chanson de Lola issue du monde de Demy qu’y chante Romain Duris).
Baxter Dury Leak at the Disco (Les Bien-Aimés, 2011) Il semblerait que Christophe Honoré a bien flashé sur l’album Happy Soup de Baxter Soup pendant la conception des Bien-Aimés, sans doute son film le plus nourri de pop-culture. En effet, ce sont deux morceaux du dandy bougon et très tongue-in-cheek qu’on retrouve sur la BO : Leak at the Disco et Trophies.
Barbara Ce matin-là (Les Chansons d’amour, 2007) Des ballades parisiennes qui composent Les Chansons d’amour, une seule n’est pas signée Alex Beaupain (si l’on excepte un Amoureux solitaires fredonné par Clotilde Hesme) ni chantée par un.e des comédien.ne.s du film : celle qui le clôt et où l’on quitte Paris pour une balade dans les bois (“Pour que tu puisses, en te réveillant me trouver contre toi, j’ai pris le raccourci à travers champs et bonjour, me voilà”).
Anne Sylvestre Les gens qui doutent (Plaire, aimer et courir vite, 2018) Souvent en prise avec le présent, Christophe Honoré n’en néglige pas pour autant le patrimoine comme quand il insère dans la BO de Plaire, aimer et courir vite ce très beau morceau d’Anne Sylvestre qui rappelle à bon escient que la sœur de Marie Chaix n’a pas seulement été chanteuse pour enfants.
Jean Ferrat Nous dormirons ensemble (Chambre 212, 2019) Tout aussi touchante et tout aussi vintage, Nous dormirons ensemble, chanson de Jean Ferrat datant de 1971 sur un texte d’Aragon que nous croisons dans Chambre 212 et qu’Isabelle Aubret avait interprétée avant lui.
Charles Aznavour Désormais (Chambre 212, 2019) Chambre 212 s’ouvre sur Désormais de Charles Aznavour dont vous pouvez découvrir ici l’interprétation exclusive qu’en a faite Benjamin Biolay pour Les Inrocks. Il s’agit de la deuxième apparition de Charles Aznavour dans la filmographie de Christophe Honoré après De t’avoir aimée dans Homme au bain en 2010.
Alain Barrière Elle était si jolie (La Belle personne, 2008) La délicieusement surannée Elle était si jolie d’Alain Barrière s’extrait d’un juke-box dans l’adaptation libre de La Princesse de Clèves de Madame de la Fayette tournée pour l’essentiel au lycée Molière, rue du Ranelagh, et ses environs. Un cas rare où l’inculture et l’ineptie de Sarkozy ont inspiré une belle œuvre.
Nick Drake Northern Sky (La Belle personne, 2008) Si, souvent, les BO de Christophe Honoré sont des patchworks faits de compositions d’Alex Beaupain, d’opéra, de musique classique et de précépités de pop culture, La Belle personne fait exception en donnant une large place à l’œuvre du génial Nick Drake dont on entend pas moins que les superbes Way to Blue, Fly, Day Is Done et Northern Sky.
Massive Attack One Love (Plaire, aimer et courir vite, 2018) Retour dans les nineties avec le One Love hautement inflammable de Massive Attack qui ouvre le film et sur lequel on voit défiler le ciel et les toits de Paris qui ensuite chassera-croisera la Ville lumière avec Rennes dans un tourbillon effervescent.
Toute la BO de Plaire, aimer et courir vite vous est ici joliment décrite
Everything But The Girl Missing (Les Bien-Aimés, 2011) Quelle que soit la playlist, il ne faut jamais manquer l’occasion d’y inclure un morceau des délicieux Everything But The Girl et plus encore pour y placer ce Missing tout aussi goûteux dans son remix edit par Todd Terry. Et qui, au fait, s’entend aussi dans Les Bien-Aimés.
https://www.youtube.com/watch?v=A65qo0U5630
The Charlatans The Only One I Know (Angelo, tyran de Padoue, 2009) Pour sa première grande mise en scène, Angelo, tyran de Padoue, Honoré choisit de plonger les personnages hugoliens dans un bain nineties saturé (Pixies, Breeders, etc.) et un bain d’acide à la réécoute du The Only One I Know des Charlatans.
XTC Making Plans for Nigel (Non ma fille tu n’iras pas danser, 2009) XTC faisait partie de ces groupes dont on se partageait les disques sous le manteau entre amis sûrs pour continuer à les garder rien que pour nous. Making Plans for Nigel reviendra en 2004 interprété par Camille sur le premier Nouvelle Vague conçu par Olivier Libaux et Marc Collin et marquera Non ma fille tu n’iras pas danser de son empreinte au point que le film sera intitulé Making Plans for Lena (le personnage incarné par Chiara Mastroianni) à l’international.
Kate Bush The Man with the Child in His Eyes (Homme au bain, 2010) Le principe dit de “Everything But The Girl” vaut tout autant pour Kate Bush : toute occasion est bonne à prendre pour placer l’un de ses morceaux dans une playlist. Merci donc à Christophe Honoré et Homme au bain qui nous en donnent l’opportunité.
Metric Handshakes (Dans Paris, 2006) Il faut bien avouer que les Canadiens cultes de Metric sont injustement et actuellement un peu oubliés. A la réécoute de Handshakes que Dans Paris met à l’honneur et de Dead Disco entendu dans le Clean d’Olivier Assayas, on peut être en droit de le regretter.
Antony & The Johnsons Another Word (Non ma fille tu n’iras pas danser, 2009) “Non ma fille tu n’iras pas danser” ou alors dans un autre monde, celui vers lequel nous emporte la voix sublime d’Antony Hegarty, depuis devenue Anohni et qui continue à nous ravir pour explorer des contrées inouïes autour desquelles danser lové.e.s ensemble.
www.youtube.com/watch?v=YbX6xCtxLGA
Catherine Deneuve La chanson d’un jour d’été (Les Idoles, 2018) Quand Christophe Honoré fait revivre ses Idoles au théâtre (Jean-Luc Lagarce, Hervé Guibert, Bernard-Marie Koltès, Serge Daney, Cyril Collard et Jacques Demy), c’est naturellement à Marlène Saldana qu’il confie le rôle de Jacques Demy et qui se lance sur scène dans une folle interprétation de La chanson d’un jour d’été tout droit venue des Demoiselles de Rochefort.
François de Roubaix Tom (Les Bien-Aimés, 2011) Autre extrait d’une bande originale préexistante, ce Tom de François de Roubaix composée pour Où est passé Tom ? de José Giovanni et qu’on retrouve dans Les Bien-Aimés. A vous de deviner de qui, entre Jos Giovanni et François de Roubaix, le cinéaste est le plus fan.
The Doors When the Music’s Over (Les Idoles, 2018) Toujours pour ces/ses Idoles toutes disparues, Christophe Honoré choisit d’insérer When the Music’s Over qu’interprète Jim Morrison, proche d’Agnès Varda, compagne de Jacques Demy. Hasard ou coïncidence ? Pas le genre de la maison…
Catherine Malfitano Vissi d’arte (La Tosca, 2019) Conclure une playlist par When the Music’s Over relevait de l’évidence mais Vissi d’arte permet de retourner à Aix en été où dans sa mise en scène de La Tosca, Christophe Honoré a confronté deux incarnations de son emportée héroïne : Catherine Malfitano filmée dans les lieux-mêmes de l’intrigue et son double juvénile sur scène, Angel Blue.
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