Ce metteur en scène et directeur artistique des défilés Koché participera au débat « Pourquoi la mode danse-t-elle » dimanche 25 novembre, lors du Festival des Inrocks, afin de parler de performance du quotidien.
Qu’il s’agisse d’une scène de théâtre, d’une piste de danse ou d’un podium, Julien Lacroix y décèle une même mise en scène de soi essentielle. Le metteur en scène, acteur, chorégraphe pour le rappeur Lomepal, est également la tête pensante des défilés du label ultra branché Koché. Des Folies Bergères au Forum des Halles, d’une église au Passage Brady, les mannequins mais aussi le public et les passants sont pensés comme une performance englobante, où chacun est acteur.
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Quel lien avez-vous à la nuit ?
Julien Lacroix – Mon premier territoire de prédilection était le théâtre, dont les productions sont généralement nocturnes et dans une véritable action de représentation. C’est de là qu’est venue ma passion pour la mise en scène et le dialogue des signes et des gestes. La nuit est tout particulièrement propice à la question de l’illusion : le simple fait de plonger les gens dans l’obscurité induit une certaine sensualité et proximité qui n’aurait pas forcément lieu en plein jour.
Comment ces questions de performance ont-t-elles été transposées au format du défilé de mode?
La question de la lumière a été clé. Plutôt que de scinder la foule entre public dans la pénombre et mannequin éclairés, on a brouillé les frontières entre celui qui regarde et celui qui est regardé en illuminant chacun de la même façon. C’est une façon de penser le public comme une partie intégrante d’une performance plus large, de l’inviter à se regarder, de prendre conscience du rôle que l’on joue tous, où que l’on cherche à incarner dans ce genre d’évènement. On pense donc à la création dans lequel chaque invité rentre, cherche sa place, s’installe et se positionne à sa façon. C’est ce réglage de signes, présent dans le théâtre et la performance, que j’ai voulu emmener dans la mode.
Vous avez aussi produit un film, Dream Baby Dream, avec la réalisatrice Helena Klotz, qui se déroule la nuit et notamment dans une fête en appartement. Que vouliez-vous explorer par ce medium ?
Helena voulait travailler sur le sentiment, explorer l’amour contemporain. On a filmé une fête organisée à l’occasion, pour montrer une nuit qui dure, s’étire. La temporalité, coupée du rythme de la journée, donne une lenteur et langueur qui s’étirent au fil des heures. Le film suit les fille pendant qu’elles se regardent, se rapprochent, dansent, se mettent en scène l’une pour l’autre, dans une sorte de chorégraphie du désir.
Vous organisez également des fêtes. Dans quel but ?
Oui, ce sont en général des soirées ouvertes à toutes, dans lesquelles la question du live est centrale, dans la formation d’une communauté autour d’un moment éphémère. On a fait jouer les artistes 070 Shake, Lauren Auder, Krampf, Tommy Genesis, des figures qui inspirent Christelle (Kocher, directrice artistique et fondatrice, ndlr) tout au long de son processus créatif. Pour ma part, je suis un touriste en soirée, j’observe les gestes, les déambulations, les échanges, comment les corps bougent. C’est souvent là où je caste des mannequins pour les shows, et aussi un élément d’inspiration essentielle.
La fête peut-elle être politique ?
Si tout choix de vie l’est, oui, absolument. La nuit permet à la fois de dissimuler et de se réinventer, d’être invisible ou hypervisible. Cette liberté d’être ou de disparaitre offre une liberté et une égalité, primordiales à l’heure actuelle.
Julien Lacroix participera au débat « Pourquoi la mode danse-t-elle » au Festival des Inrocks, dimanche 25 novembre 2018 à 17h à la Gaité Lyrique.
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