Après Née sous Giscard et L’Esprit de contradiction, Camille Chamoux revient avec un spectacle diablement tonique sur le temps qui passe.
Les premières minutes sont trompeuses. Quand le public pénètre dans la salle, Camille Chamoux lit Proust à haute voix. Elle est détendue. Elle prend son temps, cherche la complicité des spectateur·trices qui, lentement, s’installent dans les gradins. Pourtant, posés sur la grande table en bois, juste devant l’actrice, on distingue, en vrac : un biberon, un ordinateur portable, un téléphone…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Autant d’objets qui, a priori, s’accordent mal avec une lecture sereine de la Recherche, mais préfigurent le sujet de son dernier seule-en-scène : les dilemmes d’une jeune mère bobo tiraillée par les injonctions contradictoires et, surtout, détraquée par les applications de type Waze ou Deliveroo avec leurs décomptes anxiogènes.
Il sera aussi question des incessantes leçons de morale des boomers et des affres d’une vie conjugale malmenée par une progéniture un brin exigeante. Sublimé par Vincent Dedienne à la mise en scène, le talent de la comédienne – précise et tonique de bout en bout – prend un peu le pas sur celui de l’autrice.
La soirée devient inoubliable quand la comédienne lit une tribune de Virginie Despentes et se retrouve transportée par sa verve
Avec sa plume élégante, Camille Chamoux traite essentiellement la dimension commune de son sujet. Et elle vise juste – la salle est pliée en deux. Mais on aurait aimé y entendre des saillies un peu plus personnelles.
Une question de pudeur peut-être. Quoi qu’il en soit, le plaisir du jeu est au rendez-vous et la soirée devient inoubliable grâce à un moment de théâtre d’anthologie quand Camille Chamoux lit une tribune de Virginie Despentes et se retrouve – un peu trop – transportée par la verve de la romancière. A hurler de rire.
Le Temps de vivre de et avec Camille Chamoux, mise en scène Vincent Dedienne. Jusqu’au 31 octobre, Théâtre du Petit Saint-Martin, Paris
{"type":"Banniere-Basse"}