L’apparition sanglante de zombies nazis ne suffit pas à sauver ce film de guerre sans inspiration et bourré de clichés. (Spoilers)
Cet article comporte des révélations sur le film Overlord.
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5 juin 44. À quelques heures du débarquement allié sur les côtes normandes, une escouade de soldats américains est parachutée au dessus d’un village occupé afin de détruire une station de brouillage radio installée dans une église. Leur mission à haut risque achoppe sur un laboratoire souterrain dans lequel les Allemands conduisent en secret de sinistres expériences.
Affublé d’un titre aussi énigmatique que pompeux (on pourrait traduire « Overlord » par « Seigneur suprême », ou « Seigneur présomptueux »), le film de Julius Avery s’inscrit dans le troisième mouvement de la carrière de J. J. Abrams en tant que producteur. À l’artisan de séries télévisées à succès (de Lost à Westworld) et au repreneur de franchises cinématographiques cultes (de Star Trek à Star Wars) s’est ajouté depuis quelques années l’initiateur de blockbusters surprises. La recette, éprouvée depuis le Cloverfield de Matt Reeves en 2008 (le film avait été un temps annoncé comme rattaché au même univers), est facilement identifiable : casting de relatifs inconnu.e.s, budget mesuré et intrigue gardée secrète jouant sur le mélange des genres.
Il était une fois dans une France occupée… par des zombies-nazis
Ce sont ici le film de guerre et la figure du zombie qui s’entrechoquent, versant classique pour le premier (le commando de têtes brûlées lancé dans une mission suicide), vidéoludique pour la seconde (les célèbres modes zombies de la franchise Call of Duty et l’imaginaire de Resident Evil en tête). Malgré sa puérilité, le pitch du film promettait aux amateurs de séries B (voire Z) une farce sanglante au croisement d’Inglorious Basterds et de Bienvenue à Zombieland, un plaisir coupable conscient sa dimension outrancière et de l’imaginaire geek qu’il travaille.
Hélas, aucun second degré ne vient aérer Overlord, mis en scène avec un sérieux de pape mais sans inspiration (on soupçonne d’ailleurs les zombies du film d’avoir écrit le scénario). Malgré un indéniable savoir-faire dans la réalisation des scènes d’action (sur un mode nerveux et immersif), l’intrigue, excessivement violente, progresse à la façon d’un bulldozer bourrin et s’embourbe dans tous les marécages du genre.
Des clichés plombants aux fantasmes gênants
Personnages caractérisés à la truelle, situations poncées jusqu’à la moelle, le temps paraît long avant même que le premier mort-vivant ne pointe le bout de ses pustules. On se désolera face au traitement réservé à l’unique personnage féminin du film, successivement envisagée, malgré ses aptitudes guerrières, comme proie (elle est victime d’une tentative de viol), appât sexuel puis love interest ; et on soupirera devant un patriotisme balourd transformant chaque soldat allemand en psychopathe sanguinaire.
Sans parler de cette habitude (l’HYDRA de l’univers Marvel repose sur la même idée) à vouloir dépasser la figure du Nazi par des projections encore plus terrifiantes, comme si les horreurs perpétrées durant la Seconde Guerre mondiale ne suffisaient pas à magnétiser un récit. Mais même les super-Nazis-mort-vivants d’opérette ne parviennent pas à donner corps à ce film vite oublié.
Overlord de Julius Avery (É-U, 1h50), avec Jovan Adepo, Wyatt Russel, Mathilde Ollivier. Actuellement en salles.
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