Nicolas Hulot, pour la première fois depuis sa démission du gouvernement, s’est exprimé publiquement sur la situation politique. Au programme : taxe écologique, « gilets jaunes », fin du nucléaire et critiques d’Emmanuel Macron.
Après 3 mois de retrait, Nicolas Hulot a fait son grand retour dans l’« Émission politique » de Léa Salamé, jeudi 22 novembre au soir. 3,22 millions de Français l’ont regardé et écouté, attendu qu’il était sur plusieurs sujets brûlants: le nucléaire, sa démission, la taxe écologique et les « gilets jaunes ». L’émission a enregistré ses meilleurs scores depuis la venue d’Emmanuel Macron avant les élections présidentielles de 2017. L’ancien ministre d’État de la Transition écologique et solidaire reste, depuis septembre 2018, la personnalité préférée des Français.
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Le retour du préféré des Français
L’ancien ministre était très attendu sur la question de la taxe carbone et le mouvement des « gilets jaunes ». D’après Marianne, le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Édouard Philippe se sont d’ailleurs tous deux entretenus avec Nicolas Hulot par téléphone, dans les jours qui ont précédé l’émission. Ce dernier a accepté de débattre avec un « gilet jaune », porte-parole du mouvement à Saint-Brieuc qui, depuis le 13 novembre, a su capter l’attention des chaînes de télévision.
Interrogé au cours de l’émission sur la taxe carbone, Nicolas Hulot a assumé sa part de responsabilité – « Je l’ai défendue et je l’assume », a-t-il déclaré, tout en déplorant l’action du gouvernement : « il faut un accompagnement social digne de ce nom ».
.@N_Hulot défend et assume la #taxecarbone, à une condition : "il faut un accompagnement social digne de ce nom" #LEmissionPolitique pic.twitter.com/QMzO8xcc0U
— L'Événement (@LevenementFTV) November 22, 2018
Nicolas Hulot a ensuite raconté ne pas avoir été écouté par Emmanuel Macron et le gouvernement sur ce sujet, déclarant s’être « battu, et notamment les semaines qui ont précédé [son] départ, pour qu’on change complètement d’échelle dans l’accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes. Je n’ai pas été entendu« . Revenant sur cette déclaration, le « gilet jaune », breton s’est attaqué avec virulence à l’ancien ministre d’État, donnant lieux à un échange tendu.
Celui qui se déclare « disponible [pour agir] mais pas dans le champ politique traditionnel », a appelé « le monde politique [à] se reconnecter avec la société civile ». Nicolas Hulot voudrait notamment que « l’ensemble de la classe politique prône des réformes structurantes« . Il a asséné au cours de son intervention quelques piques contre le chef de l’État. Son désaccord avec lui viendrait ainsi, non d’un « mensonge conscient » de la part du gouvernement, mais d’une « mystification », des capacités de celui-ci à lutter. Or, « si on vous dit que vous avez une bronchite ou un cancer généralisé, ce n’est pas la même chose ». « Au moment où il faudrait être le plus ouvert au changement, c’est là qu’on est le plus conservateur. Je m’insurge contre ça. Le temps de l’utopie est décrétée », a ainsi annoncé Nicolas Hulot.
Le temps de l’utopie…
Au sujet du nucléaire, l’ancien ministre d’État considère qu’il est possible de passer de 75% à 50% d’électricité issue du nucléaire d’ici 2035, si 6 réacteurs sont fermés avant 2028 et qu’aucun nouvel EPR ne voit le jour. Concernant la taxation écologique à l’égard des entreprises, Nicolas Hulot a affirmer, en présence de Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF, qu’il faut « libérer le travail ». Selon M. Hulot, « si on charge la fiscalité écologique, il faut largement soulager la fiscalité du travail ». Face à Juliette Binoche, qui a tenu à son égard des propos flatteurs, l’ancien présentateur de télévision a rappelé que « l’écologie ce n’est pas une préoccupation de bobo mais c’est un devoir de riche ».
« Un devoir de riche »
Le ton se fait plus préoccupé et préoccupant quand, en fin d’émission, la situation environnementale mondiale a été évoquée. « Le monde n’a jamais été dans un tel carrefour de complexité. Ça remet en cause un modèle. On est un peu pris de court. Nous sommes dans une démocratie très fatiguée. Il faut rapprocher les citoyens de la décision politique. Nos démocraties ne sont pas adaptées à la précipitation du temps ». Pour sa part, celui qui fut ministre d’État pour Emmanuel Macron, entend « [se] mettre du côté des bénévoles ».
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