Un documentaire en deux parties explore l’origine et les résurgences du Ku Klux Klan, de 1865 à nos jours.
On pensait les robes et les cagoules blanches du Ku Klux Klan reléguées aux oubliettes. On se mettait le doigt dans l’œil. L’élection de Trump avec le soutien des suprémacistes blancs en 2016 a ravivé la flamme de l’extrême droite américaine. L’attaque à la voiture bélier d’un néonazi à Charlottesville en 2017, qui a tué la militante antiraciste Heather Heyer, en est un symptôme.
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Depuis la fin de la guerre de Sécession en 1865, les Etats-Unis luttent avec un démon qui n’en finit pas de resurgir, et qui, derrière des ravalements de façade réguliers, garde le visage fantomatique des chevaliers du KKK.
C’est l’histoire de cette société secrète, le “plus ancien groupe terroriste des Etats-Unis”, né dans le Sud sécessionniste contre l’affranchissement des esclaves, qu’explore en détail le documentaire en deux épisodes Ku Klux Klan – Une histoire américaine, réalisé par David Korn-Brzoza et diffusé sur Arte.
L’empire invisible
A partir d’images d’archives souvent stupéfiantes (comme cette incroyable marche de 50 000 klansmen sur Washington en 1926), d’entretiens avec des spécialistes de l’ultra-droite américaine, d’anciens membres du FBI, d’un repenti du KKK ou encore des militant·es pour les droits civiques, cette fresque révèle au grand jour “l’empire invisible”. Plus que son folklore chevaleresque, ses attentats et ses lynchages racistes, c’est son lobbying intense et sournoisement efficace dans les institutions étasuniennes qui frappe.
Après une première phase de développement dans les anciens Etats fédérés du Sud, où les klansmen terrorisent les Noir·es pour les dissuader d’exercer leurs droits civiques, le Klan est dissous par Washington en 1872. Mais l’organisation paramilitaire a déjà gangrené le pouvoir politique, qui promulgue les lois Jim Crow, dans la droite ligne de l’idéologie suprémaciste, en vigueur jusqu’en 1964.
Le Klan compte dans les années 1920 jusqu’à 4 millions de membres
Le film Naissance d’une nation, de D. W. Griffith, qui sort en 1915, est l’occasion d’une spectaculaire renaissance du Klan, sous l’égide du “sorcier impérial” William Joseph Simmons, qui utilise ce blockbuster – qui fut même projeté par Woodrow Wilson à la Maison-Blanche – comme campagne de propagande. Le Klan compte dans les années 1920 jusqu’à 4 millions de membres, si bien que même le président démocrate Harry Truman (1945-1953) raconte dans ses mémoires en avoir été membre.
Plus tard, la “menace” de la déségrégation raciale, portée par le mouvement pour les droits civiques, enflamme une nouvelle fois les militants du KKK dans les années 1950. C’est la partie la plus intéressante du documentaire. Alors que tout indique que le Klan est responsable d’attentats à la bombe meurtriers et de la mort de militant·es antiracistes dans l’Alabama et le Mississippi, la police ne voit rien. Et le boss du FBI, J. Edgar Hoover, met sur écoute Martin Luther King, prétextant que “les enquêtes sur les compatriotes blancs peuvent attendre”.
“Les policiers étaient des klansmen”
Pour Mark Potok, spécialiste de l’extrême droite américaine, “ce qui frappe le plus, c’est de voir à quel point les forces du maintien de l’ordre et le KKK se confondaient. Les policiers étaient des klansmen.” Une collusion qui perdure pendant des décennies et que Rage Against The Machine avait très bien résumée dans Killing in the Name en 1992 : “Some of those that work forces, are the same that burn crosses” (“Certains de ceux qui travaillent pour les forces (de police), sont les mêmes qui brûlent des croix”).
Ku Klux Klan – Une histoire américaine de David Korn-Brzoza, le 13 octobre à 20h50 sur Arte
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