Des militants anti-avortement s’en sont pris à des manifestants lors de la première marche des fiertés de Hernandarias, au Paraguay, dimanche 29 septembre. Quelques jours plus tôt, le maire de la ville s’était opposé à la tenue de la marche, déclarant sa ville “pro-vie et pro-famille”.
Des manifestants de la communauté LGBTQ + ont été violentés lors la première marche des fiertés organisée dans la commune de Hernandarias, au Paraguay. Ce dimanche 29 septembre, des militants anti-avortement s’en sont pris aux personnes de la communauté LGBTQ + venues manifester en leur lançant des projectiles. Deux personnes ont été blessées, d’après le quotidien paraguayen Ultima Hora.
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« Des militants de la communauté LGBT ont dénoncé avoir été attaqués avec des pierres et des pétards, qui auraient été lancés par un groupe dont les membres se sont qualifiés de pro-vie », écrit le journal, qui précise que les personnes blessées ont été transférées dans un centre de soin.
L’agression a d’abord été relayée sur les réseaux sociaux par des ONG de défense des droits humains comme Amnesty International ou SOMOSGAY. Sur l’une des vidéos, tournées par les manifestants et postée sur Twitter par Amnistía Paraguay, un homme apparaît le visage ensanglanté. « Les participants à la marche ont été attaqués avec des pétards et des pierres », décrit l’organisation.
🔴 AGREDIERON A PARTICIPANTES DE LA 1RA MARCHA TLGBIQ+ 🏳️🌈 EN HERNANDARIAS
Participantes de la marcha fueron agredidas con bombas de estruendo y piedras.#Diversxs #TodosLosDerechosParaTodasLasPersonas@ABCDigital @UltimaHoracom @EnLatitud25 @AM_1080 @nanduti @UNO650AM pic.twitter.com/kebAzfz3w2
— Amnistía Internacional Py (@aiparaguay) September 29, 2019
D’autres images, relayées par l’organisation de lutte contre l’homophobie paraguayenne SOMOSGAY, montrent un homme à terre, touché au visage par un projectile. Quelques secondes plus tard, une voiture entre dans le champ et fonce au milieu des manifestants, sans pour autant renverser quelqu’un.
https://twitter.com/SOMOSGAY/status/1178408261135065090
Le groupe de personnes anti-avortement a fini par encercler les manifestants LGBTQ+, qui se sont réfugiés dans une maison. Complètement bloqués, il était impossible de faire évacuer les blessés jusqu’à ce que les pompiers finissent par intervenir.
Grupos de personas siguen rodeando y agrediendo a activistas de Derechos Humanos en Hernandarias #Diversxs #TodosLosDerechosParaTodasLasPersonas 🏳️🌈
👉 Nuestra declaración pública https://t.co/rhxp3JlHh5@ABCDigital @UltimaHoracom @EnLatitud25 @nanduti @AM_1080 @Telefuturo pic.twitter.com/1k9HObexFk
— Amnistía Internacional Py (@aiparaguay) September 29, 2019
Soutien des associations aux personnes victimes de violences
Dimanche 29 septembre dans la journée, Amnistía Paraguay a publié une déclaration décrivant « la situation très grave » dans laquelle se sont retrouvés les participants à la marche. « Des personnes de groupes anti-droits, tenant des discours et des positions haineuses, entourent la maison dans laquelle ceux qui marchaient paisiblement ont dû s’abriter », s’indigne l’ONG, qui tient l’édile de Hernandarias pour responsable de ces agressions.
En effet, deux jours avant la manifestation, le vendredi 27 septembre, Rubén Rojas, le maire de la ville, avait interdit par un arrêté la marche LGBTQ+. Arguant que sa municipalité était « pro-vie et pro-famille », il avait jugé cette action « immorale », comme le relate le quotidien national ABC Color. « Cet arrêté est un appel à la haine et est totalement contraire à la constitution puisqu’il va à l’encontre du droit de manifester, d’association, d’expression et d’égalité de droit tel que l’inscrit théoriquement la constitution paraguayenne », indique aux Inrocks la porte-parole d’Amnesty International, Geneviève Garrigos. Il n’y avait pas de raison d’empêcher ces personnes de manifester. » D’après elle, « pour justifier son arrêté, le conseil municipal a dit que ce n’était pas une restriction des libertés, mais une façon de protéger le droit des personnes tenantes d’une vision de la famille traditionnelle ».
L’ONG de protection des droits humains met également en cause la police qui, compte tenu des menaces qui pesaient sur la marche – interdiction de la municipalité, intervention « très probable » des mouvements anti-avortement -, n’a pas pris les mesures pour anticiper ces agressions. Par ailleurs, Geneviève Garrigos souligne que les policiers avaient été sollicités par la mairie pour interdire la manifestation. « A ce moment-là, les forces de l’ordre ont indiqué qu’elle ne pouvait pas l’empêcher. Mais quand les participants à la marche ont été attaqués, elles ne sont pas non plus intervenues pour les protéger », se désole-t-elle.
Une “grande violence structurelle” contre les personnes LGBTQ+ au Paraguay
D’autres organisations ont de leur côté rapidement affiché leur soutien aux personnes victimes de violences lors de la marche. Toutes se disent solidaires et dénoncent des violences préoccupantes à l’égard de la communauté LGBTQ + – sans compter l’atteinte au droit de manifester, pourtant garanti par la constitution paraguayenne.
Comunicado de la Fundación Venezolana a Favor de los Derechos LGBTIQ+ “Nunca dejes de Soñar” pic.twitter.com/DauOPjgI7H
— Amnistía Internacional Py (@aiparaguay) September 30, 2019
🏳️🌈 Comunicado de solidaridad con la comunidad LGTBI por parte de la Organización Kuña Poty de Alto Paraná. #TodosLosDerechosParaTodasLasPersonas #Diversxs pic.twitter.com/k6BsottLs3
— Amnistía Internacional Py (@aiparaguay) September 29, 2019
D’après Ultima Hora, des militants se sont rendus au commissariat pour porter plainte quelques heures après les évènements. De son côté, Amnistía Paraguay a annoncé qu’une plainte serait déposée contre toutes les personnes qui « font la promotion de ces attaques » et qui sont identifiables sur les images qui ont été tournées.
Information que confirme Geneviève Garrigos aux Inrocks : « Nous demandons qu’il y ait des enquêtes et des personnes inculpées, car il s’agissait d’appels à la haine très forts. Ce groupe était extrêmement agressif et violent. La crainte que l’on a avec ce genre d’arrêtés est qu’ils permettent de soutenir les mouvements les plus extrémistes, et notamment les chasses aux sorcières telles que celle-ci. »
Selon l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (Ilga), le Paraguay est un pays problématique concernant les droits des personnes LGBTQ+, touchées par une « grande violence structurelle », laquelle est corrélée à une « impunité » de la LGBTphobie.
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