Méritons-nous vraiment de subir Gauvain Sers et Trois Cafés Gourmands ?
La chanson populaire est parfois populiste. On aurait tort de ne pas s’en méfier. Ainsi, rien ne m’a plus terrorisé cette année que le clip de Gauvain Sers sur sa chanson Les Oubliés. Voir ce chanteur à l’air attristé, mis en scène dans une classe de carton-pâte, flanqué d’enfants filmés en gros plan comme des malades condamnés et qui tous reprennent en chœur : “Mais on sait bien ce qui se passe, on est les oubliés, la campagne, les paumés, les trop loin de Paris, le cadet de leurs soucis” m’a procuré un écœurement que je n’avais pas connu depuis un mélange expérimental tenté à 15 ans à base de Get 27 et de Baileys.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Difficile de garder son calme face à cette idéologie gâtée qui prend le masque d’une complainte plaintive et résignée, mais d’une redoutable efficacité démagogique. Difficile de ne pas s’affoler à l’idée qu’on puisse entendre cette chanson comme “ayant du sens et qui parle d’un vrai problème”. Les bonnes intentions n’ont jamais créé du sens, l’obscénité n’a jamais su exprimer les problèmes. Vraiment, nous ne méritions pas ça. Il nous a déjà fallu endurer pendant des mois le “J’ai la Corrèze dans le cathéter” du groupe Trois Cafés Gourmands.
Les dommages de ce genre de scies sont rarement évalués, pourtant il leur suffit de quelques notes pour s’installer, nous envahir, et se mettre à régner. Quand c’est pour nous dire “l’été sera chaud, l’été sera chaud, dans les tee-shirts, dans les maillots”, il est tentant de se laisser faire, même si on conserve quelques doutes. Quand c’est pour faire semblant de nous plaindre et désigner nos oppresseurs, mieux vaut il me semble baisser le volume et de celui qui chante et de ceux qui l’écoutent.
{"type":"Banniere-Basse"}