Alors que sort une plantureuse réédition du génial Sign O’ the Times, retour décalé et subjectif sur la carrière d’une star internationale qui a toujours su cultiver son mystère au point de devenir un mythe.
Prince a inventé le langage SMS et les emojis
When U R in Love, I Would Die 4 U, I Wonder U, le dessin d’un œil qui remplace la première personne du singulier comme sur Eye No ci-contre (et le “No” qui remplace le “Know”, toujours ci-contre), le Peace Sign qui remplace le “O’” de Sign O’ the Times, le Love Symbol qui remplace le nom de Prince puis de TAFKAP (The Artist Formerly Known As Prince) : dès 1981 (et Jack U Off, première occurrence du genre), Prince envoie des textos à un monde qui n’a pas encore de portable.
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Prince est à l’origine du Parental Advisory
En 1985, Tipper Gore, future deuxième première dame des Etats-Unis en tant qu’épouse du vice-président Al Gore, surprend sa fille de 11 ans en train d’écouter Darling Nikki, charmante jeune femme que Prince surprend se masturbant dans le lobby d’un hôtel avant de la suivre pour des plaisirs moins solitaires.
Tipper Gore crée alors le Parents Music Resource Center, lobby peu hospitalier s’élevant contre les allusions au sexe, à la violence, au satanisme, à la drogue et à l’alcool dans la musique qui aboutira à la création du fameux sticker. Sur une première liste de chansons à proscrire établie par le PMRC figurent ainsi, et entre autres, Dress You Up de Madonna, She Bop de Cyndi Lauper, Let Me Put My Love into You d’AC/DC et, donc, Darling Nikki.
Prince dégoûté du sexe ?
Au début des années 2010, Prince se rapproche de Larry Graham, une rencontre musicalement excitante puisque Larry Graham fut le bassiste des séminaux Sly & The Family Stone, une des plus puissantes inspirations de Prince. Las, sous l’influence de son nouveau musicien, Prince devient Témoin de Jehovah et décide de renoncer à interpréter ses chansons les plus explicites (un peu comme si Jay Z décidait de renoncer à employer le mot “bitch” au prétexte qu’il était désormais père) ce qui, au doigt mouillé, doit représenter plus de 60 % de son répertoire.
Exit donc Soft and Wet, I Wanna Be Your Lover, When We’re Dancing Close and Slow, Dirty Mind, Do It All Night, Head, Sexuality, Do Me Baby, Private Joy, Let’s Work, Jack U Off, Let’s Go Crazy, New Position, Hot Thing, The Scandalous Sex Suite, Joy in Repetition, Love Machine, Erotic City, Penetration, Get Off, Sexy Motherfucker, Come, Pheromone, Pussy Control, Endorphinmachine, In This Bed I Scream, Sex in the Summer, Let’s Have a Baby, The Love We Make, Mad Sex, Hot wit U, liste loin d’être exhaustive).
Prince a “perdu” l’unique album de Kim Basinger
Prince, chargé de la BO, et Kim Basinger, interprète de Vicky Vale, se rencontrent sur le tournage du premier Batman de Tim Burton en 1989. La Love Affair qui s’en suit est suffisamment sérieuse pour que Kim Basinger déménage à Minneapolis. Comme souvent avec les femmes de sa vie, Prince décide alors de vouer un album entier à sa dulcinée.
Il se murmure alors que des techniciens retrouvèrent un matin le studio d’enregistrement maculé de miel après une nuit de “travail” des deux tourtereaux. Holllywood Affair ne paraîtra néanmoins jamais, officiellement pour une raison inconnue, officieusement parce que Kim Basinger y chantait faux, ce qui semble vrai à l’écoute de cet album dit “perdu” et que pourtant on trouve aisément sur les tubes.
Prince vs. Michael Jackon
Dans les années 1980, la presse tente de réactiver l’opposition Beatles/Stones en essayant de créer une battle Prince vs. Michael Jackson, une entreprise vouée à l’échec tant les deux superstars sont avares d’interviews susceptibles d’alimenter en punchlines cette éventuelle rivalité. Le vrai combat d’ego n’’aura donc lieu qu’en 1986
Cette année-là, Michael Jackson souhaite partager la chanson-titre de son album Bad avec Prince mais le projet finira par capoter car l’un et l’autre, selon les dires du Kid de Minneapolis, se sont disputés le privilège de chanter la première phrase de Bad, “Your butt is mine” (“ton cul est à moi”), sans parvenir à un accord, confirmant que les histoires de cul finissent mal en général. Autre lien plus troublant, Michael Jackson a baptisé ses deux fils, Prince Michael Junior et Prince Michael II, même si on doute fort qu’il s’agisse là d’hommages rendus à son pseudo adversaire…
Prince w./ Miles Davis en présentiel
Dans une interview, Miles Davis, dit “The Prince of Darkness”, voyait en Prince l’incarnation de James Brown, Marvin Gaye et Jimi Hendrix : l’hommage d’un génie de la musique à un autre ne saurait faire dans la demi-mesure. Dans les années 1990 se vendaient sous le manteau (ou dans les tiroirs inaccessibles au public des disquaires du Marché Malik des Puces de Saint-Ouen) des albums de Prince feat Miles Davis (ou inversement).
Des moines-soldats de la musicologie ont alors mené l’enquête et sont arrivés à la conclusion que les deux génies n’ont joué ensemble qu’une seule fois lors de la nuit de la Saint Sylvestre 1987 (live entièrement disponible sur la réédition SuperUltraDingueDeLuxe de Sign ’O’ the Times) pour un dantesque It’s Gonna Be a Beautiful Night.
Seuls deux autres morceaux figurent à leur répertoire commun : Sticky Wounded sur l’album CK de Chaka Khan et Can I Play with U? (également disponible sur le plantureux reboot de Sign ’O’ the Times) sur lesquels ils enregisteront leurs parties respectives séparement sans se croiser en studio. En 1961 déjà, Miles Davis enregistrait Someday My Prince Will Come.
Prince est mort en 1994
On le savait depuis Abbey Road en 1969, dont de multiples éléments indiquaient la mort de Paul McCartney (ce que l’intéressé niera par la suite), la pochette d’un album peut servir de faire-part. Sur la pochette de Come, Prince affiche son propre RIP (1958-1993) en restant fidèle à ses principes qui accouplent sexe et religion.
Côté sexe, le Come qui signifie “jouir” (comme sur le Come Together qui ouvre Abbey Road ?) et, côté religion, la Sagrada Familia qui figure en arrière-plan. En réalite, Prince a déjà disparu l’année précédente en devenant Love Symbol pour afficher son oppostion au label qui, selon lui, l’opprime (même si, fin stratège, sur cet album qu’il refusait de signer de son nom, il ouvre les hostilités contre Warner avec le titre intitulé My Name Is Prince).
La légende de The Vault
The Vault est le nom par lequel Prince et ses fans désignent la salle des coffres où attendent un nombre inconnu d’inédits que le Kid de Minneapolis puis la Warner révèleront progressivement au grand jour. Prince ouvre officiellement The Vault en 1998 avec la publication du triple album The Crystal Ball, soit cent cinquante minutes de matériel inédit de haute volée. Prince y trouvera aussi la matiète de The Gold Experience, Chaos and Disorder et The Vault Old Friends 4 sale afin de pouvoir se débarrasser de son contrat avec la Warner qui, après la mort de sa star, y puisera de quoi nourrir les éditions de luxe de trois de ses albums majeurs : Purple Rain, 1999 et Sign O’ the Times. En attendant la suite ?
Le Prince de Paris et du 9-2
Trouver un point commun entre Joy Division et Prince pourrait sembler périlleux. Tous deux ont pourtant assuré (certes pas ensemble) un concert aux Bains Douches dont le nombre de personnes qui prétendent y avoir assisté pourraient aisèment remplir un Stade de France.
Ceci posé, Prince a aussi souvent séjourné à Paris et dans les Hauts-de-Seine. La légende raconte en effet qu’il passait alors ses journées au studio Guillaume Tell de Suresnes pour enregistrer des kilomètres de bandes avant, la nuit venue, d’aller écumer les clubs de la capitale en limousines, limousines au pluriel car une autre légende prétend que celle réservée à son usage privé était toujours suivie de celle de son coiffeur personnel en cas d’urgence. Le genre de rumeurs invérifiables mais avérées qui démontrent à quel point Prince est mythique.
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