Deux ans après Mouhammad Alix, le rappeur trouve l’équilibre entre musicalité et conscience dans ce septième album, le plus engagé.
“La plupart des rappeurs français d’aujourd’hui estiment qu’ils n’ont plus à s’engager sur quelque sujet que ce soit, ils ne sont que dans le business.” Qu’on se le dise, après trente ans de carrière, Kery James n’est pas encore prêt à baisser la garde. Il le prouve avec J’rap encore, son septième album studio, probablement le plus engagé depuis Le combat continue (l’album météorite de feu son groupe Ideal J et de son intemporel morceau Hardcore). “Malgré la direction qu’a pris le rap en général, je reste sur la même ligne”, nous assure-t-il dans le studio d’enregistrement où il nous reçoit, dans le Val-de-Marne.
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« Je n’existe que par le public qui me porte »
Deux ans après Mouhammad Alix, le natif d’Orly n’oublie ni ses racines ni ses soutiens : “Je n’existe que par le public qui me porte, tient-il à rappeler. Je n’ai jamais été le chouchou du show-business, je n’ai jamais voulu l’être. Lorsque je sentais que ma carrière était à deux doigts de basculer en ce sens, sciemment ou pas, j’ai radicalisé mon discours.” Comme dans ce dernier album, “le mélancolique” annonce dès le premier morceau une série de noms comme autant de thèmes à combattre par la musique : d’Orelsan au “paillasson” Yann Moix, en passant par Raphaël Enthoven, Benjamin Netanyahou ou encore l’école publique.
Un chemin enfin trouvé
L’influence des années Ideal J est prégnante dans J’rap encore, tant par l’engagement des textes que par les références dans les titres (Le Mélancolique ou A la Ideal J). La dissolution de ce groupe phare en 1999 (à la suite du décès de Las Montana) modifie alors la relation de Kery James à la musique. Son style alors jugé violent bascule vers un rap plus conscient et rassembleur ; pendant dix ans, il refuse de jouer Hardcore (dont le clip a été censuré à la télévision). Aujourd’hui, il semble avoir trouvé le chemin entre “celui qu’il voulait devenir” et “celui qu’il a été”.
Condamnation des violences policières
Cet équilibre nous offre un mélange intéressant, entre musicalité (Blues, en featuring avec Féfé) et engagement – avec Amal, probablement le morceau le plus intense de l’album, sur la thématique des violences policières, son cheval de bataille depuis des années. Le morceau évoque l’histoire vraie du combat mené par Amal Bentounsi pour la mémoire de son jeune frère, abattu dans le dos par un policier, lors d’une course-poursuite à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), en 2012.
“Il n’y a que la mort qui me fera taire”
J’rap encore se clôt sur un morceau à faire monter l’angoisse chez les fans du rappeur : Le jour où j’arrêterai le rap. D’autant qu’après une pièce de théâtre à succès (A vif) et un film qui doit sortir prochainement (Banlieusards), le doute est permis. Kery James balaye l’assertion d’un uppercut dont il garde le secret : “Il n’y a que la mort qui me fera taire.”
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