L’ex-président de la République (1995-2002, 2002-2007) est mort à 86 ans, ce 26 septembre, a annoncé sa famille à l’AFP.
Jacques Chirac est mort, ce 26 septembre, à l’âge de 86 ans. Avec cette annonce, on ne peut que penser aux images gravées dans la mémoire populaire laissées par l’ancien président de la République : son saut par-dessus les tourniquets du métro, son baiser sur le crâne de Barthez lors de la Coupe du Monde 1998, sa colère face aux policiers israéliens à Jérusalem (« What do you want ? Me to go back to my plane ? This is provocation ! »), son injonction à « manger des pommes » ou encore son plaisir à caresser « le cul des vaches » au Salon de l’agriculture…
https://www.youtube.com/watch?v=LFUfn08Z_H8
Fin politicien, réputé opportuniste
Fin politicien, souvent qualifié d’opportuniste (le documentaire en deux parties de Patrick Rotman, Le Jeune Loup et Le Vieux lion, le montre bien), Jacques Chirac a marqué la vie politique française, et restera comme l’un des grands ténors de la droite. Avec le soutien de ses mentors en politique, Henri Queuille et Georges Pompidou, il a été élu député de la Corrèze en 1967, à 35 ans, puis a été maire de Paris, plusieurs fois ministre, et finalement Premier ministre sous la présidence de François Mitterrand, en 1986.
« L’idéologie n’est pas son fort », disait de lui Michel Winock. Il est vrai que, dans ses Mémoires, il disait avoir distribué le journal L’Humanité (du Parti communiste français). L’expérience fut éphémère. Successivement gaulliste, travailliste, libéral, républicain modéré, Jacques Chirac s’est adapté à l’air du temps. En 1995, il succède à François Mitterrand (après des joutes verbales restées célèbres à la télévision), en tenant un discours sur les inégalités et la fameuse « fracture sociale« . Alors qu’il se disait le « premier président modeste« , il a cependant été rattrapé par des affaires judiciaires de longue durée pour ses « frais de bouche ».
Le bruit et l’odeur
En 2002, il a appelé au sursaut républicain face à l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour. Pour lui, le cordon sanitaire entre la droite républicaine et l’extrême droite était indiscutable. Il a gagné au second tour avec 82 % des voix. Pour autant, on se souvient aussi de Jacques Chirac pour certaines expressions moins glorieuses qu’il a tenues. En 1991, lors d’un dîner du RPR à Orléans, il dit dans son discours : « Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. » Il se mettait alors à la place du “travailleur français qui habite à la Goutte-d’Or », et qui « voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, et qui gagne cinquante mille francs de prestations sociales sans naturellement travailler ». Il lance même cette formule : « Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français il devient fou ». « Et ce n’est pas être raciste que de dire ça », conclut-il. Le groupe Zebda lui avait répondu en chanson.
On ne saurait bien sûr réduire ce personnage de la Ve République à cet épisode, ni à sa marionnette (Super Menteur) des Guignols. Passionné d’arts premiers, Jacques Chirac avait inauguré en 2006 le Musée du quai Branly, devenu Musée Jacques Chirac. Sa carrière est « abracadabrantesque ». Nous reviendrons plus longuement dessus.
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