Une affaire dans laquelle Donald Trump est soupçonné d’avoir fait pression sur son homologue ukrainien a décidé les démocrates à initier une procédure d’impeachment.
Donald Trump aurait-il cherché à faire pression sur le président ukrainien dans le but de décrédibiliser Joe Biden, son adversaire potentiel pour la présidentielle de 2020 ? Alors que les démocrates étaient jusqu’ici réticents à lancer la procédure d’impeachment, c’est bien cette nouvelle affaire qui a décidé mardi 24 septembre Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, à ouvrir une enquête en vue d’une destitution du président américain.
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Des conversations compromettantes
C’est un « mystérieux » membre des services de renseignement américains qui a lancé l’alerte, relate France Info. Il aurait, au mois d’août, signalé à sa hiérarchie des conversations téléphoniques compromettantes entre Donald Trump et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky.
Lors de ces échanges, qui ont eu lieu 25 juillet, le milliardaire est soupçonné d’avoir incité le président de l’Ukraine à enquêter sur Joe Biden et son fils Hunter. Dans quel but ? Trump argue que Joe Biden aurait exercé, du temps où il était vice-président d’Obama, des pressions sur Kiev. Et ce, de façon à ce que soit évincé un procureur qui enquêtait sur un groupe gazier ukrainien pour lequel travaillait son fils. Des accusations qui n’ont à ce jour pas été démontrées, comme le souligne Libération
Selon les démocrates, le président américain aurait menacé de ne pas verser une aide militaire à l’Ukraine pour convaincre son homologue d’ouvrir une enquête sur son adversaire démocrate et son fils. Ce fonds a finalement été débloqué le 12 septembre, sans explication particulière, comme le relate le Huffpost.
Le locataire de la Maison Blanche a bien admis publiquement avoir mentionné Joe et Hunter Biden au cours de ses conversations avec Volodymyr Zelensky, mais conteste l’avoir fait dans le but de nuire à son potentiel adversaire à l’élection présidentielle de 2020. Il a également assuré n’avoir mis « aucune pression » sur l’Ukraine à propos de l’aide militaire, qu’il affirme avoir gelée pour inciter les pays européens à y participer.
La goutte d’eau qui fait déborder le vase
« Les actes du président jusqu’à ce jour ont violé la Constitution (…) Le président doit rendre des comptes. Personne n’est au-dessus de la loi », a de son côté dénoncé devant la presse Nancy Pelosi. Alors qu’elle était jusqu’ici opposée à lancer la procédure d’impeachment contre Trump, malgré les nombreuses procédures judiciaires et enquêtes parlementaires qui le visent, la démocrate a finalement changé d’avis avec cette affaire ukrainienne. Il a « trahi son serment » de président, « la sécurité nationale » et « l’intégrité des élections » américaines, a-t-elle encore estimé mardi 24 septembre.
The times have found us. The actions taken to date by the President have seriously violated the Constitution. It is for this reason that the House of Representatives is moving forward with an official impeachment inquiry. pic.twitter.com/cHq7zgKJ1g
— Nancy Pelosi (@SpeakerPelosi) September 24, 2019
Avant d’être inquiété pour ses conversations avec Volodymyr Zelensky, Trump était déjà visé par plusieurs enquêtes parlementaires ouvertes par les démocrates. Outre celle relative à l’éventuelle ingérence russe lors de la campagne de 2016, on peut citer le fait que le président américain est suspecté d’avoir versé de l’argent à certaines de ses maîtresses présumées pour les faire taire, d’être impliqué dans des conflits d’intérêts liés à ses activités immobilières ou encore de s’être opposé à la publication de ses impôts…
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Malgré toutes ces affaires et les demandes d’impeachment formulées par l’aile gauche du parti démocrate, Nancy Pelosi jugeait jusqu’ici trop dangereux d’enclencher une telle procédure, craignant que celle-ci ne finisse par avoir des retombées positives sur Trump. Elle redoutait en outre que les électeurs finissent par reprocher à son parti de se préoccuper davantage de décrédibiliser les républicains que de s’occuper de leurs problèmes, et que les démocrates soient sanctionnés pour cela en 2020.
Argument sur lequel s’est d’ailleurs immédiatement appuyée l’ex-star de téléréalité, qui, sur Twitter, a compilé toutes les prises de parole de ses opposants appelant à sa démission. « Alors que le seul objectif des démocrates est de se battre contre Trump, Trump se bat pour vous », conclut-il.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 24, 2019
Une procédure qui a peu de chances d’aboutir
La procédure de destitution ouverte par les démocrates a cependant peu de chances de provoquer la destitution du président américain. En effet, si c’est la chambre des représentants, laquelle est à majorité démocrate, qui sera chargée de l’enquête, c’est le Sénat, majoritairement républicain, qui aurait in fine la responsabilité du procès.
D’après Libération, le leader républicain au Sénat, Mitch McConnell, a d’ailleurs confirmé cette position, déclarant dans un communiqué que l’annonce de Pelosi « confirme simplement que la priorité des démocrates de la Chambre n’est pas d’améliorer la vie du peuple américain, mais leur obsession pour la destitution [de Trump] depuis bientôt trois ans ».
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