A travers les gestes quotidiens d’une baby doll grotesque, le chorégraphe performeur Euripides Laskaridis offre avec « Relic » une farce à la fois poétique et sombre.
Actif dans le champ du spectacle vivant depuis le milieu des années 1990, Euripides Laskaridis compte parmi les principaux rénovateurs de la scène grecque contemporaine. Il s’est d’abord fait remarquer comme interprète auprès de metteurs en scène tels que Robert Wilson et Dimitris Papaioannou avant de concevoir lui-même, dès 2000, des créations, alternant projets scéniques et travaux filmiques (courts-métrages). En 2009, il fonde sa propre compagnie, OSMOSIS Performing Arts Co, structure à l’intérieur de laquelle il peut approfondir au mieux sa recherche artistique. Hautement singulier, son univers oscille entre théâtre, danse et performance avec une inclination marquée pour les thèmes du grotesque, du ridicule et de la transformation. Ayant déjà reçu diverses distinctions prestigieuses (il est notamment l’un des premiers lauréats du Pina Bausch Fellowships), il est régulièrement invité à présenter ses pièces à travers le monde.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
One-(wo)man-show résolument non-conformiste
Premier solo conçu au sein de sa compagnie, dont il est à la fois l’auteur et l’interprète, Relic – créé en 2015 – condense en quarante-cinq minutes toute la poétique d’Euripides Laskaridis et offre de ce fait un accès idéal à son univers si original. Inclassable, la pièce se concentre sur un personnage de sexe non identifiable, dont le visage est masqué et le corps affublé d’une combinaison couturée aux protubérances diverses, notamment au niveau des jambes et du torse. Évoquant un mannequin mutant, avatar grandeur nature des fameuses poupées difformes d’Hans Bellmer, ce personnage venu d’ailleurs se livre à des actions tantôt banales, tantôt extravagantes, au milieu d’un joyeux méli-mélo d’objets : il arrose des plantes, revêt divers costumes, tourne en rond, se balance sur sa chaise, danse, chante à la façon d’un crooner…
Succession de numéros improbables en un chaos scénique savamment agencé, Relic est un one-(wo)man-show résolument non-conformiste, quelque part entre music-hall dadaïste et vaudeville transformiste. Souvent très drôle, grâce au sens consommé du burlesque de Laskaridis, l’interprète tout comme le metteur en scène, la pièce ne se réduit toutefois pas à une simple farce, aussi exaltante soit-elle. Foncièrement évolutive, elle prend par moments une tonalité plus sombre et laisse apparaître l’ombre de la tristesse. Une méditation sur la norme, l’étrange(r) et la solitude se discerne en filigrane jusqu’à la fin où, de manière très touchante, l’être humain qui donne vie à cette créature tombe le masque et révèle son vrai visage.
Relic d’Euripides Laskaridis (Osmosis), les 15 et 16 novembre au Théâtre du Grand Marché. Festival Total Danse.
{"type":"Banniere-Basse"}