À l’ouverture du procès du narcotrafiquant Joaquin “El Chapo” Guzman le 13 novembre à New-York, un de ses avocats a accusé deux présidents mexicains d’avoir touché des pots-de-vins de la part de son organisation, le cartel de Sinaloa. Tous deux ont démenti.
Un “bouc émissaire” : c’est ainsi qu’a été présenté Joaquin Guzman, alias “El Chapo” en ouverture de son procès par l’un de ses avocats, Jeffrey Lichtman. Plaidant à la cour fédérale de Brooklyn le 13 novembre, ce dernier a mis en cause le président actuel du Mexique Enrique Peña Nieto et son prédécesseur Felipe Calderon, qui a dirigé le pays de 2006 à 2012. L’un comme l’autre auraient touché des “millions de dollars de pots-de-vin” au sein d’un gouvernement mexicain “complètement corrompu”, selon les mots de l’avocat. Tous les deux ont le jour même nié publiquement ces accusations.
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Le “procès du siècle contre le trafic de stupéfiants”
Depuis son extradition aux Etats-Unis en janvier 2017, le dernier jour de la présidence Obama, Joaquin Guzman est en attente de jugement pour ce qui a été qualifié comme le “procès du siècle contre le trafic de stupéfiants”. Accusé d’actes criminels (homicides, kidnappings, tortures) au sein du cartel de Sinaloa qu’il aurait dirigé de 1989 à 2014, il encourt la prison à perpétuité, et plaide depuis non-coupable. Cette organisation liée à la drogue, l’une des plus puissantes du monde, aurait fait entrer sur le sol américain plus de 200 tonnes de cocaïne.
Arrêté en janvier 2016 dans la région de Sinaloa, qui a donné son nom au cartel, au terme de six mois de cavale et après une nouvelle évasion spectaculaire, El Chapo n’est pas le seul membre du cartel recherché pour des crimes liés au trafic de stupéfiants. L’un de ses associés, Ismael “El Mayo” Zambada, co-accusé lors du procès, est toujours en fuite. C’est lui qui serait à l’origine selon l’avocat Jeffrey Lichtman des “milliards de dollars de pots-de-vin” qu’auraient touché les chefs d’Etat mexicains. Cette argumentation participe d’une tentative de minimiser les responsabilités d’El Chapo au sein du cartel de Sinaloa.
Millions de dollars de pots-de-vin
L’extradition même du narcotrafiquant aurait été pour l’avocat permise par les autorités mexicaines pour camoufler ces quantités d’argent “sale” devenues compromettantes : “Pourquoi le gouvernement mexicain a-t-il besoin d’un bouc émissaire ? Parce qu’ils se font trop d’argent avec les pots-de-vin des barons des cartels”. Les deux présidents mexicains – l’un en cours de mandat et son prédécesseur – ont immédiatement nié ces accusations sur les réseaux sociaux.
El gobierno de @EPN persiguió, capturó y extraditó al criminal Joaquín Guzmán Loera. Las afirmaciones atribuidas a su abogado son completamente falsas y difamatorias
— Eduardo Sánchez H. (@ESanchezHdz) 13 novembre 2018
Le porte-parole de la présidence actuelle Eduardo Sanchez a réagi sur Twitter en révoquant des affirmations “fausses et diffamatoires”, qualifiées sur le même réseau social d’“irresponsables” par l’ancien chef d’Etat Felipe Calderon.
Son absolutamente falsas y temerarias las afirmaciones que se dice realizó el abogado de Joaquín “el Chapo” Guzmán. Ni él, ni el cártel de Sinaloa ni ningún otro realizó pagos a mi persona.
— Felipe Calderón (@FelipeCalderon) 13 novembre 2018
Jeffrey Lichtman a aussi accusé le gouvernement américain d’absoudre des complices du cartel pour leur permettre de témoigner à charge au procès d’El Chapo : “Pourquoi le gouvernement va-t-il si loin, en leur donnant des visas pour s’installer dans ce pays, parmi nous ?”, a-t-il interrogé. “Parce que El Chapo est le plus beau trophée dont l’accusation ait rêvé”. Cette plaidoirie d’ouverture controversée marque le début d’un procès particulièrement complexe, prévu pour durer quatre mois.
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