Resserrée autour du personnage de Lisbeth Salander, cette fausse suite du film de David Fincher s’embourbe dans une toile narrative confuse.
Malgré la popularité des romans de Stieg Larsson et de ses adaptations suédoises, Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes, mis en scène par David Fincher en 2012, n’avait pas obtenu le succès escompté. Cette variation autour de la première aventure commune de la hackeuse Lisbeth Salander et du journaliste Mikael Blomkvist avait pourtant cartographié un espace fictionnel intriguant, la Scandinavie crépusculaire hantée par la domination de riches hommes blancs.
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Mis en scène cette fois par Fede Alvarez, Millenium : Ce qui ne me tue pas a une identité trouble : adapté du quatrième tome de la saga (écrit par David Lagercrantz après la mort de Larsson), il troque Rooney Mara et Daniel Craig contre Claire Foy et Sverrir Gudnason et abandonne la plupart des pistes esquissées par son aîné. Exit la confrontation entre méthodes d’investigation comme l’alchimie provoquée par la rencontre de deux corps contraires, n’en restent que quelques images totem : moto filant dans la neige, piratages informatiques et tortures vaguement SM.
On peut penser, face à cette suite qui n’en est pas vraiment une, au Sicario : La Guerre des cartels de Stefano Sollima, à sa façon de ne garder que la sève stylistique du modèle et d’accorder tout entier le récit à la trajectoire de son personnage le plus fascinant – ici l’ange vengeur Salander. Si l’on retrouve avec plaisir une tonalité horrifique éprouvée par le cinéaste dans ses précédents longs-métrages Evil Dead et Don’t Breathe, elle est diluée dans une toile narrative confuse qui convoque artificiellement les fantômes du passé de Lisbeth. Réduit à un actionner vaguement stylisé, ce nouveau Millenium gomme à la fois la complexité de ses personnages et la subtilité de son univers.
Millenium : Ce qui ne me tue pas de Fede Alvarez (E.-U, 2018, 1 h 57)
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