Retour scénique réussi pour un Nick Cave, des Bad Seeds et un Dig, Lazarus, Dig!!! électriques et terriblement efficaces.
“J’ai largué le piano”, affirmait Nick Cave dans ces pages il y a quelques semaines, et sinon quelques accords d’orgue assénés ici ou là, c’est avec une Telecaster, distorse à fond, qu’il a emmené ses bad boys dans un set résolument électrique – délégant les claviers à ses vieux complices, les impeccables Conway Savage et Mick Harvey.
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Depuis son expérience foutraque et jubilatoire de garage rock avec Grinderman et un nouvel album, Dig !!! Lazarus, Dig !!!, idéalement taillé pour la scène – et dans un bœuf sans graisse qui passait par là –, Nick Cave s’est défait des oripeaux du crooner-dandy-prédicateur, retrouvant du même coup sur scène une énergie joyeuse et furieuse pour enchaîner vieux titres et nouveaux[attachment id=298] morceaux. Les incunables Tupelo, Papa Won’t Leave You, Henry ou Red Right Hand l’ont ainsi disputé en intensité à Today’s Lesson, Midnight Man ou Lie Down Here (& Be My Girl) de Dig !!!…
Drôle, très en verve, remonté comme une pendule, Nick Cave emporte le public d’un mot, d’un geste, d’une boutade, en tribun génial pétri d’autodérision (We Call upon the Author to Explain).
Les balades n’ont pas été abandonnées pour autant, et des versions splendides des merveilles que sont Nobody’s Baby now, The Ship Song ou Far From Me (rarement jouée depuis la sortie de Boatman’s Call), ainsi que la récente Jesus on the Moon, sont venues se nicher au cœur de la cavalcade.
Derrière Nick Cave, les Bad Seeds, un brin en retrait – sinon un Warren Ellis, le barbu des cavernes, omniprésent (violon, maracas, flûte traversière, mandoline électrique…) ont rondement fait tourner la boutique. Les maîtres des forges Thomas Wydler et Jim Sclavunos, et Martyn Casey à la basse, savent comme personne déclencher l’apocalypse et ne sont pas fait prier pour un finale dantesque enchaînant les inattendus Hard on for Love et Your Funeral… My Trial avec un plus habituel, mais toujours génial, Stagger Lee. Sitôt leur méfait accompli, les Bad Seeds ont, tels des hommes de main chez Johnnie To, rajusté leur veste devant un public à genoux – et Nick Cave de se lisser la moustache…
Laurent Bergès
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