Particulièrement en vogue aux Etats-Unis et à Londres, le théâtre immersif pointe le bout de son nez en France. Parmi les pièces présentées, une expérience particulièrement réussie était présentée au mois d’octobre : Noces de coton. Récit d’un futur succès.
Qui n’a jamais rêvé de jouer à un Cluedo géant ? Le temps de quatre week-end – répartis entre septembre et octobre – une centaine de spectateurs ont eu la chance de participer à Noces de coton, pièce de théâtre immersive co-écrite par Juliette Colin et Maud Fuzeau.
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Accueillis dans un manoir par des comédiens bien informés
À une heure de Paris, en Basse-Normandie, un manoir accueillait les chanceux pour ce projet immersif. Plus qu’un spectacle, cette œuvre relève en effet de l’expérience sensorielle. Une fois arrivés au seuil du manoir, les spectateurs – encore décontenancés – se voient approchés par les comédiens, déjà en place. Et qui semblent bien informés sur nous. Une fois la porte franchie, tout débute par un joyeux dîner de famille, visant à célébrer les « noces de coton » du jeune couple, Norma et Paul. Les spectateurs échangent avec les acteurs autour d’un feu de cheminée, cocktail à la main, lorsque la scène tourne au drame.
Pistes multiples et précision du détail
Subitement, le temps se fige. Les comédiens sont immobiles. Durant une heure, les spectateurs-acteurs ont alors pour mission de résoudre l’énigme du drame survenu. Une heure durant laquelle tout est permis : suivre les comédiens, fouiller les pièces de fond en comble à la recherche d’indices – dans un décor extrêmement riche – ou encore flâner dans les couloirs en attendant l’inspiration. La seule condition : ne pas communiquer avec les autres participants. Chacun mène sa propre enquête, doté d’un masque blanc à la double utilité : ne pas troubler les comédiens par les jeux de regards et jouer la carte de l’invisibilité. Telle une petite souris nichée dans la maison, le spectateur pourra se balader à sa guise, dans un voyeurisme pudique.
Résoudre le mystère ne sera pas une tâche si évidente, dû aux multiples pistes distillées durant la représentation. Grâce au déroulé de l’histoire et surtout au talent des comédiens, tous paraîtront coupables. Une fois les fils démêlés, pas question d’arrêter l’expérience ici, puisque acteurs et spectateurs partagent un dîner – réel cette fois-ci – et une nuitée dans le décor de la pièce.
Exit le spectateur, bienvenue au spect-acteur
Tout au long de la pièce, la place du spectateur sera questionnée. Pauline Prévost de Blois, incarnant la sœur dans la pièce, explique : “L’approche spectateur est totalement modifiée par rapport à une pièce dans une salle de théâtre classique. Ici, chacun est totalement libre de ses actions, ce qui créera forcément une frustration. Personne ne peut tout voir, il faut faire des choix”.
Une forte place laissée à l’improvisation
Attablée autour du copieux repas offert pour l’occasion, Juliette Colin – co-auteure et actrice de la pièce – raconte la genèse de la pièce : “Avec Maud, nous avons écrit des scènes de départ, des situations par rapport aux personnages. Mais nous n’avons pas écrit les dialogues mots pour mots, le principal reposait sur l’âme des protagonistes. Il y a une forte part d’improvisation. Pendant notre résidence de cet été, on s’amusait à incarner nos personnages pendant plusieurs heures, en suivant le fil normal de notre journée”. Priscille Dargnies, la mère dans la pièce, se souvient en riant : “C’était ma partie préférée, je me levais après tout le monde et on m’apportait mon petit-déjeuner! Les avantages de la vieillesse”.
Le 27 octobre, la soirée de dernière battait son plein au manoir. Néanmoins, pas question d’arrêter le projet ici. Pierre Einaudi – Paul dans la pièce – explique : « Le manoir était parfait pour l’ambiance de la pièce. Mais il est possible d’adapter le scénario à plein de lieux, notamment des hôtels particuliers parisiens. En tout cas, on continuera ». Et on a hâte.
Dates à venir prochainement sur Paris ou sa proche banlieue. Plus d’infos sur la page Facebook Noces de Coton.
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