Collection d’histoires nouées dans une même chambre d’hôtel, la série poursuit son exploration des angoisses humaines. Sans conviction.
C’est une chambre sans cachet, lit-table-salle-de-bains fonctionnels, nichée dans quelque motel perdu on ne sait où, ou plutôt si, mais de façon inconsciente : dans l’Amérique des marges mais au cœur de son cinéma, dont elle constitue l’un des décors les plus éprouvés.
https://youtu.be/uwTjTQfvCyE
Refuge de gangsters ou de tueurs sanguinaires, nid de fortune pour familles précaires ou amants adultères. C’est avec un imaginaire peuplé de ces figures que les frères Duplass ont posé les fondations de Room 104, anthologie dont chaque histoire, mise en scène par une équipe différente, se noue entre les mêmes murs.
Chambre froide
Leur création s’offre comme une tentative d’épuisement d’un espace tour à tour dépouillé ou chargé, rassurant ou oppressant. Ce principe englobe une dimension temporelle dont les ramifications plongent de plus en plus loin (le premier épisode de la saison 3 se déroule sur l’emplacement de l’hôtel avant sa construction). Il s’applique aussi à la structure des récits qui alternent les genres et les procédés.
C’est sur ce dernier point que Room 104 semble avoir fait le tour de son principe ludique, cédant souvent à la tentation du dispositif à chute (un épisode glauque en succession de messages vidéo) ou de l’exercice de style façon étudiant en cinéma (une rencontre postapocalyptique sans intérêt).
L’émotion reste pourtant présente, tissant d’un épisode à l’autre des correspondances secrètes. Si la saison 2 était marquée par la solitude extrême de ses personnages, la troisième transforme la chambre en révélateur de leurs traumas et de leurs angoisses et leur offre parfois, le temps d’un récit, la possibilité de les surmonter.
Room 104 sur OCS City