Le genre horrifique n’en finit pas de se déployer dans l’industrie de la série. Dans un environnement très concurrentiel, The Haunting of Hill House mène le bal.
Le ballet des séries d’horreur automnales a été ouvert par la huitième saison d’American Horror Story, dont on pouvait craindre que l’Apocalypse programmée en vase clos ne dissimule un retrait essoufflé du monde. L’inventivité queer et baroque et la gourmandise outrancière de Ryan Murphy et de Brad Falchuk permettent au contraire de ressasser les motifs et obsessions de la série jusqu’au vertige, et d’invoquer peu à peu le réel au sein du bunker dans lequel sont reclus les derniers survivants de l’humanité.
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Si un même climat d’effondrement travaille The Purge, il ne permet pas à la série de camoufler son opportunisme mercantile et d’articuler une réflexion politique au-delà du concept choc de la franchise American Nightmare, à laquelle elle est rattachée.
Le sous-texte politique a également déserté les charniers de The Walking Dead, qui ne parvient pas à retrouver son souffle en saison 9, et dont les personnages interchangeables se confondent de plus en plus avec les zombies qui zonent en arrière plan.
« Into the Dark » et « Lore », les déceptions de Netflix et Amazon
Les nouvelles sont toutes aussi décevantes sur le front des anthologies : sur Netflix, Into the Dark peine à laisser émerger d’autres traits saillants que ses inutiles longueurs, quand la saison 2 de Lore, sur Amazon, perd toute singularité en abandonnant l’ironie des podcasts d’origine.
Loin de l’esprit de sérieux de ces mastodontes rouillés, c’est sur le versant teen du genre qu’ont éclos les plaisirs coupables Light as a Feather et Les Nouvelles Aventures de Sabrina. Diffusée sur Netflix, la seconde a rebooté la sorcière de sitcom des années 2000 en héroïne féministe post-MeToo, quand la première, produite par Hulu, opère un croisement habile entre le soap lycéen et la malédiction façon Destination finale.
La recherche de la nouveauté empruntait curieusement le chemin du retour à la maison, plus ou moins hantée. Dans Channel Zero, anthologie élaborant ses histoires à partir de creepypastas – des légendes urbaines nées sur internet –, c’est une porte apparue dans la cave qui met en péril le mariage – et la vie – des propriétaires. Inégalement interprétée et parfois fragile, sa quatrième saison se révèle toutefois fascinante par sa façon de déjouer constamment les attentes liées au genre.
La maison hantée, instrument d’amplification des traumas intimes
De facture plus classique, l’ambitieuse The Haunting of Hill House, créée par Mike Flanagan et diffusée sur Netflix, conjugue le train fantôme horrifique au drame familial en faisant des mauvais esprits les agents d’un deuil impossible.
Adaptation libre du célèbre roman éponyme de Shirley Jackson, elle s’attache à une famille dévastée par le décès de la mère dans des circonstances floues lors de leur séjour dans la plus grande maison hantée des Etats-Unis.
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Malgré quelques tours de force superflus et une fin décevante, la série entreprend, avec une grande attention aux détails, de fissurer le foyer domestique, et mène avec application un genre extrêmement codifié sur un versant plus psychologique. La maison hantée s’affirme comme instrument d’amplification des traumas intimes, et le récit d’horreur se double d’une histoire de guérison.
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