Deux prix à des livres littéraires, qui épinglent de façon douce-amère des failles sociétales, politiques.
Très remarqué à la rentrée, le beau deuxième roman de Nicolas Matthieu, 40 ans, Leurs enfants après eux, met en scène sur quatre étés les doutes et les atermoiements de jeunes gens sur fond de Lorraine en chute libre après sa désindustrialisation forcée. Mathieu a déclaré vouloir écrire sur cette France-là, cette France d’où il vient, où il a grandi. C’est donc cette fresque douce-amère sur les laissés pour compte français, doublée d’un roman d’initiation, qui se voit récompensée du Prix Goncourt cette année.
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Ce que nous écrivions sur Leurs enfants après eux lors de sa sortie
Le deuxième en deux ans pour Actes Sud : en effet, la maison d’édition de Françoise Nyssen (récemment démise de ses fonctions de ministre de la culture), avait déjà décroché le Goncourt l’année dernière avec le roman d’Eric Vuillard, L’Ordre du jour, autour de la seconde guerre mondiale du côté allemand. On avait, à l’époque, regretté la fascination que la guerre semblait exercer sur le jury Goncourt – et pourtant, paradoxe on aurait bien aimé aujourd’hui que David Diop, notre favori, remporte le prix pour son deuxième roman, Frère d’âme (Seuil), plus que salué depuis le mois d’aout.
A lire: notre rencontre avec David Diop
En effet, alors qu’on commémore le centenaire de la fin de la première guerre mondiale, David Diop la revisitait d’une façon radicalement inédite et salutaire en nous plongeant dans l’horreur vécue par un jeune tirailleur sénégalais.
Enfin, le prix Renaudot récompense cette année, lui aussi, un deuxième livre, celui de Valérie Manteau (ex-Charlie hebdo), Le Sillon (Le Tripode), lui aussi remarqué à la rentrée : le récit en forme de dérive de son enquête sur un autre journaliste (arménien), Hrant Dink, qui avait lui aussi osé braver la censure, soit le négationnisme de la Turquie pour dire la vérité sur le génocide arménien et a été assassiné par un fanatique turque.
Ce que nous écrivions sur Le Sillon lors de sa sortie
Le prix Renaudot essai a été attribué à notre consoeur du Masque et la Plume, Olivia de Lamberterie, pour son très émouvant premier livre, Avec toutes mes sympathies (Stock), autour du suicide de son frère.
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