Pari raté pour Disney qui avait pourtant réuni tous les apparats pour séduire la très vaste audience chinoise… Sur Internet, le film est démonté par de nombreux spectateur·ices agacé·es par le manque d’authenticité de ce blockbuster américain qui se voudrait chinois.
Il n’était peut-être pas une si bonne idée de se lancer dans une énième adaptation de la légende de Hua Mulan, surtout dans l’idée de plaire au public chinois qui a déjà vu passer 17 films ou téléfilms sur l’histoire de la jeune guerrière depuis les années 1920. L’enjeu était de taille pour Disney qui a investi pas moins de 200 millions de dollars. Selon le site Maoyan qui a étudié les chiffres du box-office, le Mulan de Niki Caro ne devrait pas faire plus de 38,5 millions de bénéfices en Chine.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un produit inauthentique, un accident industriel
Sur les sites de référencement de film, Mulan égrène des notes moyennes voire basses. Et, selon Variety, les reproches fusent à l’encontre de la légendaire firme américaine : « Les Américains ont invité tous les acteurs chinois célèbres auxquels ils ont pu penser, ils ont empilé les uns sur les autres tous les éléments chinois qu’ils ont trouvés pour créer ce véritable accident industriel […] C’est plein de stéréotypes occidentaux et de conjectures sur la Chine, particulièrement la Chine ancestrale. » Un autre internaute ajoutant que « même La Grande Muraille était mieux que ça ».
>> A lire aussi : La vraie Mulan n’est pas celle que nous vend Disney
Des personnages creux, une culture vidée de son sens
Non seulement de nombreux·ses spectateur·ices chinois·es critiquent le manque total de profondeur des personnages, leurs motivations et l’histoire en elle-même étant « simplement inexplicable ». Mais le pire pour beaucoup consiste dans la façon dont le film use superficiellement de la culture chinoise. Par exemple, Mulan possède dès l’enfance des capacités exceptionnelles dues à sa réserve de « ch’i » (un principe spirituel et métaphysique propre à la culture chinoise et japonaise et n’ayant aucun réel équivalent en occident). Animant toute forme de vie, le ch’i est une puissance, une force, mais certainement pas le pouvoir magique auquel Mulan semble réduire le concept. En faisant de Mulan une espèce de super-héroïne, le film ôte toute complexité au personnage et ne valorise en rien un quelconque empowerment d’une femme ayant dépassé son statut assigné par la société. Elle est juste née comme ça, avec beaucoup de « ch’i ».
>> A lire aussi : « La Grande Muraille » : Matt Damon accusé de whitewashing
Un propos aussi fin qu’une traduction Google
« Tout le film ne fait que crier des slogans vides de sens » juge un spectateur dont les propos ont été relayés par Variety. Entre des effets spéciaux décrits comme « gênants » et des scènes de kung-fu dignes de vieux téléfilms, le scénario de Mulan consiste selon des spectateur·ices en une litanie de mots ridicules : la répétition constante des termes « ‘loyal’, ‘courageux’ et ‘vrai’ sonne comme une traduction Google du chinois ». L’un des anonymes scandalisés note le geste non seulement absurde mais manquant d’amour filial comme de loyauté, de Mulan qui se débarrasse de la précieuse armure héritée de son père en plein combat.
Une tentative qui fait flop
Après avoir tenté à plusieurs reprises de gagner le public chinois, Hollywood fait à nouveau face à un échec dans cette drôle de guerre froide du cinéma. Comme Crazy Rich Asians avait davantage fait écho aux Etats-Unis qu’auprès des spectateurs ciblés (chinois), Mulan devrait trouver ses fans parmi les abonné·es de la plateforme Disney + plutôt que dans les salles chinoises où passe le film. Ce n’est pas demain la veille que le fossé culturel sera comblé.
>> A lire aussi : Star Wars 8 fait un énorme bide en Chine
{"type":"Banniere-Basse"}