Une série british qui manie à merveille le rire et les larmes dans la chronique de ces cinq potes coincés dans le Lancashire.
Le talent anglais pour faire exister en quelques minutes un monde, aussi restreint soit-il, ne cessera jamais de nous étonner. Prenons la toute nouvelle Brassic, qui arrive bille en tête dans la nuée de comédies disponibles à travers la planète et parvient à se faire remarquer illico en criant un peu plus fort que les autres.
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Il faut dire que tout cela se passe dans le nord de l’Angleterre – le Lancashire –, entre pubs du coin et champs à perte de vue, gueules semi-cassées et folklore local vaguement illégal. L’alcool aidant, les cinq garçons (et deux filles, tout de même) servant de héros à cette création de Joe Gilgun (acteur vu dans Preacher, qui tient le rôle principal) et Danny Brocklehurst (scénariste chevronné, notamment de Shameless) nous promènent dans leurs vies simples et bordéliques à la lisière de la loi.
https://www.youtube.com/watch?v=YiE7Hq5sCac
Scènes hilarantes sur fond dépressif
La série est centrée sur Vinnie, un trentenaire bipolaire sans avenir apparent, dont la calvitie précoce lui procure une honte quotidienne, et Dylan, son meilleur ami, presque son frère, beaucoup plus beau gosse que lui mais pas vraiment plus mature. Ce dernier est marié et a un enfant. Il doit a priori quitter ce trou pour mener une autre vie, plus ample et plus glamour, mais quelque chose le retient de céder aux sirènes de l’ambition « normale ». Les actes manqués plus ou moins catastrophiques se multiplient. C’est là que la fiction se dresse, dans le récit de l’impossibilité de grandir et de quitter les lieux, les odeurs et les couleurs qui nous ont constitués.
Sans atteindre des sommets (on a l’impression d’avoir déjà un peu vu ce genre de comédie sociale so british sur des mecs entre eux), Brassic se démarque par son refus assez systématique du cynisme et de la moquerie envers les bras cassés/Pieds nickelés qu’elle met en scène, une petite bande presque immédiatement attachante.
Même quand il est question d’enlever un poney, de le teindre en noir et de foutre en l’air sa camionnette contre un buis à cause d’une histoire de chloroforme, quelque chose d’émouvant se trame dans les interstices : un drame intime qui pourrait mal se terminer pour tout le monde, dans une nuée de larmes.
On remarquera aussi l’apparition de Dominic West (le McNulty de The Wire et l’écrivain toxique de The Affair) dans le rôle d’un psy dont l’écoute ne semble pas être la qualité première. Les scènes où il apparaît sont hilarantes et révèlent frontalement le fond dépressif de la série. Après tout, la première scène montre Vinnie en haut d’un pont, décidé à en finir avec son existence décevante.
Brassic sur Canal + à partir du 19 septembre
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