Dans l’ouvrage de Judith Vanistendael, une chirurgienne tente de recoller les morceaux de sa vie familiale entre deux missions à l’étranger.
Citant l’Odyssée d’Homère dans les premières pages, Judith Vanistendael annonce clairement s’être inspirée du poète grec. Mais, dans son œuvre à elle, c’est Pénélope, médecin pour une organisation humanitaire, qui s’absente du foyer tandis que son mari – Otto, pas Ulysse – et leur enfant, Hélène, se débrouillent sans elle.
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Un récit pudique et convaincant
Au début, on voit Pénélope en mission à Alep, tandis que, à son insu et loin de là, sa fille a ses premières règles. Pendant le reste du livre, la dessinatrice – qui est partie en reportage dans les camps de réfugiés de Lesbos en Grèce – choisit de montrer la femme médecin avec ses proches, étrangère dans sa propre maison, recollant les morceaux de sa vie (de mère, de femme) tout en tentant d’oublier ce qu’elle a vu en Syrie.
Sauf que cette tâche s’avère impossible : Pénélope est poursuivie par la culpabilité, symbolisée par un fantôme d’enfant syrien qui l’a accompagnée. Avec son trait enlevé et ses trouvailles graphiques, Judith Vanistendael réalise une chronique familiale très vivante. Avec pudeur mais détermination, elle dresse l’émouvant portrait d’une femme qui se sacrifie pour les autres.
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