Entre électronique sophistiquée et pop brumeuse, la chanteuse suisse ne semble pas connaître la panne d’inspiration.
“En janvier 2019, après la tournée de Molecules, je suis rentrée chez moi épuisée. En hiver, à Berlin, il n’y a pas beaucoup de lumière… Après avoir été dans l’énergie du collectif, face au public tous les soirs, me retrouver seule a été étrange. Je me suis demandé comment j’étais arrivée où je suis, si un autre chemin que j’avais raté m’attendait.”
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Ainsi naît Halluzinationen, le nouvel album de Sophie Hunger. “Est-ce que mes hallucinations et mes questions étaient responsables de ma solitude ?, s’interroge-t-elle alors. Le disque est né de l’envie d’explorer différentes facettes de ma vie afin de me libérer d’un poids.”
Un album studio entièrement enregistré en live
Pour cela, elle rappelle le producteur anglais Dan Carey, qui l’avait accompagnée sur Molecules. Morceaux mesurés, entre décharnement et tendresse (Rote Beeten aus Arsen, Security Check, Stranger), démonstrations plus intenses qui jouent de la polyrythmie (Alpha Venom, Bad Medication, Security Check), entre-deux proches de l’hypnotique (Liquid Air, Finde Mich, Maria Magdalena)… La mélancolie est constamment déjouée, et on pense à Portishead, Fiona Apple ou Can.
On entend aussi beaucoup l’allemand, bien que le disque ait été enregistré en deux jours à Londres, dans le studio de Carey : “Il m’aide à organiser mes envies, souvent chaotiques. Ensemble, on cherche une philosophie, un langage, une idée radicale. Pour Halluzinationen, on a réuni tous les musiciens dans la même pièce et enregistré en live, du premier au dernier titre, sans retouches ni corrections possibles. Sans avoir rien de statique. Ne jamais rejouer une partie, mais chaque fois recommencer si quelque chose ne nous plaisait pas.”
En ressort une urgence presque étouffée par les subtilités vocales de Hunger, qui cherche à “faire la paix” entre acoustique et électronique. Malgré les turpitudes existentielles traduites à travers sa musique, elle réussit à exprimer, si ce n’est de la sérénité, une distance précieuse en cette époque troublée.
Halluzinationen Supermoon/Caroline
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