Une nouvelle enquête semble confirmer que la fusion des régions, dont l’un des objectifs était de réduire les coûts administratifs, est de ce point de vue un échec.
Les « économies d’échelles » étaient au coeur du discours prôné par le gouvernement de Manuel Valls, en 2014, pour justifier la fusion des régions. André Vallini le premier, le secrétaire d’Etat à la réforme territoriale d’alors, insistait sur la réduction des coûts qu’engendrerait cette réforme administrative. Une nouvelle enquête, de la cellule d’investigation de Radio France, confirme que, loin d’avoir eu un effet réducteur, la fusion a causé l’augmentation des dépenses.
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137 000 euros pour une réunion
Ainsi, les journalistes prennent l’exemple de la région Occitane, rassemblement du Languedoc-Roussillon et du Midi-Pyrénées. Pour cette nouvelle entité, le coût d’une journée de réunion plénière des élus, qui doit avoir lieu au moins une fois par trimestre, s’élève à 137 000 euros environ. La présidente socialiste de la région, Carole Delga, s’est engagée à ce que Montpellier, l’ancienne capitale délaissée du Languedoc-Roussillon, conserve la tenue de ces assemblées plénières. L’ancien Hôtel-de-Région n’a pas la capacité d’accueillir les nouveaux effectifs (158 personnes en tout). C’est donc le Parc-des-Expositions de la ville, excentré, qui est aménagé à chaque session.
Cette incohérence financière, qui dû à la volonté de maintenir un équilibre, voir de ménager les anciennes structures, n’est pas une exception ; même si elle semble particulièrement probante dans cette région. Ainsi, une navette quotidienne a été mise en place entre Toulouse, la capitale, et Montpellier, pour permettre aux élus de faire le voyage (5 heures aller-retour). En moyenne, les agents régionaux ont vu augmenter de 78% la longueur de leurs déplacements depuis la fusion.
Grandes régions et distances accrues
À ces complexifications s’ajoute l’augmentation générale des charges salariales. En Occitanie, la fusion a coûté 5,4 millions d’euros avec l’harmonisation des primes des agents. Cette région a opté pour un alignement par le haut. Les agents de la région Languedoc-Roussillon étaient moins bien lotis que ceux de Midi-Pyrénées. En février 2018, le coût national de ces harmonisations, alors que la Normandie et les Hauts-de-France n’avait pas encore tranché à ce sujet, était estimé à 40 millions d’euros (soit une hausse de 2,5 à 3% des charges salariales dans les régions).
La Cour des comptes publiait, en octobre 2017, son rapport sur les finances publiques locales. C’était l’occasion de faire le point sur l’état de la réforme territoriale. Le constat était sévère : la réforme « n’a pas remédié à la complexité du paysage institutionnel local ». Et les mesures prises, quand elles tendent à cette simplification, entraînaient des charges supplémentaires. Le rapport donnait notamment l’exemple de la région des Hauts-de-France qui a dû dépenser 10 millions d’euros pour mettre aux nouvelles couleurs l’ensemble des trains régionaux.
Un bilan en demi-teinte
Le bilan de cette réforme, quatre ans après sa mise en place, semble très mitigé. Toutefois, deux régions obtiennent un meilleur résultat que les autres : l’Île-de-France, qui, n’ayant pas subie de modification, a maintenu son fonctionnement tel quel, sans surcoût ; et la Normandie, dont les habitants semblent satisfaits de la réunification, perçue comme gage de prestige retrouvé.
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