Revenue d’entre les morts, l’une des plus belles voix de la soul contemporaine nous procure des moments d’éternité, entre douceur et douleur.
Les albums posthumes ne sont pas que des usines à fric. En faisant renaître la voix de sang de Charles Bradley, le but de Daptone Records est que l’on se souvienne à quel point le chanteur, disparu il y a tout juste un an à 68 ans, était l’une des incarnations les plus authentiques de la soul contemporaine. Rien que ça.
Une douleur dans ses textes
Black Velvet, du nom de scène qu’il portait avant de chanter sous son vrai nom, nous rappelle plusieurs choses : d’abord qu’on a trop souvent comparé Charles Bradley à James Brown. Une facilité en partie due à ses performances scéniques où son talent s’étalait aux yeux du public plus qu’en studio. En fait, c’est plutôt d’un Otis Redding qu’il se rapprocherait. Ensuite, les albums de Charles Bradley pouvaient être inégaux, comme souvent dans la soul. Celui-ci ne déroge pas à la règle, mais c’est ce qui est fort avec lui : les imperfections et les arrangements parfois convenus sont secondaires tant on lisait la douleur dans ses textes et ses mélodies.
Un an après sa tragique disparition
Le single I Feel a Change, sorti en septembre, est l’une des plus belles pièces de Black Velvet. Une ballade à la basse ravageuse, qui fait réellement démarrer l’album, mais qui fait surtout partie des compositions inédites recensées ici, à l’instar des Luv Jones, Can’t Fight the Feeling ou la superbe Fly Little Girl. Mais puisque l’histoire de la soul est teintée de reprises et de standards, rien d’étonnant à entendre Charles Bradley distiller, autre temps fort, sa propre version du célèbre Heart Of Gold de Neil Young.
On sent aussi la patte Daptone : des basse-batterie fusionnelles, des guitares en apparence simples mais sur lesquelles repose l’arrangement, et des cuivres parfois trop présents. C’est quand ils se font plus nuancés, qu’ils laissent sortir la voix de Bradley, que la magie opère. Et ce même un an après son décès.