Comment le jury aurait-il pu ne pas récompenser les films de Polanski, de Todd Phillips et de Pietro Marcello ? Seuls grands oubliés selon nous : Marriage Story de Noah Baumbach et Ad astra de James Gray.
Ce samedi soir, dans la Grande salle du palais des festivals, au Lido de Venise, furent remis pour la soixante-seizième fois, dans une ambiance très douce – solennelle mais douce – les prix de la Mostra du cinéma de la Biennale vénitienne. Julie Andrews et Pedro Almodovar avaient, durant cette dizaine de jours, reçu un Lion d’or amplement mérité pour l’ensemble de leur carrière.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le jury présidé par la cinéaste argentine Lucrecia Martel – qui avait pourtant manifesté, en début de festival, son hostilité à la présence en compétition d’un film de Roman Polanski, J’accuse – lui a remis un prix, et non des moindres, le Grand prix du jury, témoignant ainsi de son intelligence, tant le film nous a semblé impressionnant de maîtrise et galvanisant.
Des acteurs particulièrement brillants
Les prix d’interprétation furent des surprises et sont, sans doute, des indicateurs : Ariane Ascaride dans le nouveau film, très pessimiste, de Robert Guédiguian, Gloria Mundi, reçut la coupe Volpi de la meilleure actrice, dans un italien parfait.
Luca Marenelli, formidable dans le très beau film de Pietro Marcello, Martin Eden, d’après le roman de Jack London, recevait quant à lui la coupe Volpi du meilleur acteur.
Des prix indicateurs de quoi ? Du fait que les acteurs furent si brillants cette année (notamment les hommes), qu’il semblait difficile de les départager. Dans un article précédent, nous insistions sur le fait que Brad Pitt (dans le sublime Ad Astra de James Gray) et Joaquin Phoenix (dans l’impressionnant Joker, spin-off en pleine liberté de la série Batman, qui se concentrait sur la genèse de ce génie du Mal) atteignaient de tels sommets dans l’art de la comédie qu’il nous semblait impossible que le jury parvienne à la départager. Il s’en garda bien.
Alors ce fut à travers le Lion d’or attribué au film de Phillips que fut récompensé Phoenix, monté sur scène avec son réalisateur.
Le Lion d’argent pour le vétéran suédois Roy Andersson pour About Endlessness, nous sembla superfétatoire. Il avait déjà remporté un Lion d’or en 2014. Son cinéma, certes très maîtrisé, ressemble de plus en plus à une série de tableaux animés. Pourquoi pas… Mais où sont les… êtres humains ? Dans tous les autres films récompensés. Une magnifique édition.
En résumé :
Lion d’or du meilleur film pour JOKER de Todd Phillips (Etats-Unis)
Lion d’argent, Grand prix du jury pour J’ACCUSE de Roman Polanski (France, Italie)
Lion d’argent, prix de la mise en scène à Roy Andersson pour ABOUT ENDLESSNESS (Suède, Allemagne, Norvège)
Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine : Ariane Ascaride dans GLORIA MUNDI de Robert Guédiguian (France, Italie)
Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine : Luca Marinelli dans MARTIN EDEN de Pietro Marcello (Italie, France)
Prix du meilleur scénario à Yonfan et son scénariste Ralph Lauren pour leur film N°7 CHERRY LANE (Hong-Kong, Chine)
Prix spécial du jury à LA MAFIA NON E PIU QUELLE DU UNA VOLTA de Franco Maresco (Italie)
{"type":"Banniere-Basse"}