Concerts, ateliers, cuisine, expo, cours de langue et drag-queens : le Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des Migrant.e.s organise son premier “Migrants Festival”, le 7 septembre, à Aubervilliers.
Mêler fête, culture et militantisme pour les droits des migrants : voilà le parti pris du BAAM, Bureau d’Accueil et d’Accompagnement des Migrant.e.s – connu pour son annuel Bal des Migrants à Stalingrad -, en organisant le premier « Migrants Festival ».
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« On voulait faire un festival autour des questions migratoires alliant tout ce qu’on aime au BAAM : la politique, la fête, la musique, les débats et la nourriture », explique Héloïse Mary, présidente de cette association qui mêle lobbying, militantisme de terrain et accompagnement au quotidien.
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Organisé samedi 7 septembre aux Docks de Paris à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le festival – déjà sold out – affiche pour son line-up plusieurs gros noms tels que Nekfeu, Roméo Elvis, Youssoupha, Oxmo Puccino, Grand Blanc, la comédienne Shirley Souagnon et même quelques drag-queens.
Dépasser les cercles militants
Le but ? Sensibiliser un public plus large, au-delà des seuls cercles militants : « Le festival ne s’adresse pas au public traditionnel de soutien aux migrants, mais à un public qui ne connaît rien à la question migratoire, qui va être sensible à l’aspect festival, mais qu’on va ensuite attraper sur des questions de fond », confie Héloïse Mary, évoquant les deux débats qui seront tenus lors du festival : les politiques migratoires et la représentation des migrants dans les médias.
Par le biais de cette approche soft, le BAAM espère même transformer certains festivaliers en futurs professeurs de français : « Il faut bien commencer quelque part : on n’est pas nés militants, on apprend à le devenir, et on a tous été sensibilisés à un moment ou à un autre. Moi, la pureté militante me fatigue », conclut-elle.
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Le festival, dont le ticket coûte 15 euros, sera aussi l’occasion de récolter des fonds pour financer de futures actions – les artistes renonçant à leur cachet au profit de l’asso.
C’est le cas notamment de la chanteuse SÔNGE qui, suite à une rencontre avec la DJ Barbara Butch – laquelle est investie au pôle LGBT du BAAM -, a accepté de jouer lors de l’évènement : « J’ai découvert qu’une des raisons qui m’avait poussée à faire de la musique c’était le fait d’avoir un micro ! », confie l’artiste. « Quand j’ai le micro, personne ne me coupe la parole, personne ne peut me censurer, j’ai le temps de préciser les choses – avec l’aplomb pour en affirmer d’autres sans que quelqu’un avec un gros bagou ne vienne me stopper. En tant qu’artistes on a la parole, c’est ça que j’ai voulu faire : l’utiliser. »
Montrer la société idéale
« Premiers invités » du festival, avec 700 places offertes, les migrants seront aussi « les premiers intervenants » en étant au cœur de la programmation. Et ce, que ce soit en musique avec les Refugees of Rap, en cuisine avec le restaurant Kabul Kitchen et l’association l’Assiette des Migrants (dans le cadre d’une expo dédiée), ou bien lors de cours de langue tenus par les migrants.
« Ils seront aussi responsables de l’animation des débats. Des personnes issues de l’immigration ancienne génération, mais aussi des personnes en cours de parcours », explique Héloïse Mary, rappelant le fonctionnement des permanences de l’association, où la place des migrants est essentielle : « Il n’y aurait pas de pôle juridique du BAAM sans les interprètes. »
Par le biais de cet évènement, les militants du BAAM souhaitent aussi « démontrer par le faire » ce qu’ils aimeraient mettre en place, mais également donner à voir, le temps du festival, le monde pour lequel ils luttent : « Notre fierté est de ne pas exclure les publics en difficulté, et d’arriver à un public très mixte, socialement et urbanistiquement parlant. C’est une idée de la société telle que la voudrait le BAAM : il y aura des chanteurs migrants, des numéros de drag à ne plus savoir quoi en faire, etc. »
Et en effet, une quinzaine de drag-queens seront en charge de rameuter la foule vers les débats et les ateliers. Parmi elles Babouchka, déterminée à réaffirmer le soutien des LGBTI envers les migrants : « Dans ce climat d’homonationalisme et de pédés de droite qui adorent Marine Le Pen, c’est important aussi de repolitiser nos propres communautés », lance la queen parisienne de 22 ans, avant de conclure : « Le drag, de base, c’est une manière de visibiliser des causes, des gens et des communautés, on met tellement de paillettes que c’est ce qu’on fait de mieux. »
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