Le cinéaste tchèque est décédé samedi 5 septembre à l’âge de 82 ans. Aux côtés de Milos Forman ou encore de Vera Chytilova, il a marqué l’histoire du cinéma avec des œuvres d’une force contestatrice nécessaire.
Le cinéaste Jiří Menzel est mort samedi 5 septembre à l’âge de 82 ans, a annoncé sur Facebook dimanche 6 septembre sa femme. Né en 1938 à Prague, il était moins connu que son compatriote Milos Forman (1932-2018) dont la carrière s’est délocalisée à Hollywood dans les années 1970. Mais il a tout de même gagné l’Oscar du meilleur film étranger en 1967 avec son tout premier long-métrage, Trains étroitement surveillés, puis l’Ours d’or à la Berlinale de 1990 pour un film réalisé en 1969 et interdit à l’époque dans son pays, Alouettes, le fil à la patte. Avant le succès de Forman, Menzel était donc sans conteste le chef de file de la Nouvelle Vague tchécoslovaque qui réunissait des jeunes cinéastes épris de liberté à la veille du Printemps de Prague.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une carrière en dents de scie, marquée par l’Histoire
Les films de ce mouvement (politico-esthétique) étaient considérés par l’URSS comme les symptômes d’une dégénérescence propre à la Tchécoslovaquie, justifiant l’oppression et la censure. Si le Printemps de Prague a marqué le départ de Milos Forman, exilé d’abord en France puis aux Etats-Unis, Jiri Menzel est lui resté dans son pays, faisant toute sa vie durant des films tchèques et en en payant parfois le prix.
Le cinéaste a réalisé de nombreuses adaptations dont six du même auteur, Bohumil Hrabal, grand écrivain tchèque du XXe siècle. Après une décennie peu productive, il signe davantage de productions télévisuelles à partir des années 1980, ce qui lui vaut même d’être disqualifié des Oscars en 2013. En effet The Don Juans, dernière œuvre de l’artiste, était d’abord passée à la TV sous la forme d’une mini-série avant de devenir un film attirant l’attention des Américains… L’Académie des Oscars l’a donc finalement retiré de sa sélection pour cause de non-exclusivité, empêchant peut-être à Jiří Menzel de recevoir un dernier hommage.
>> A lire aussi : la critique de la période tchèque de Milos Forman Les Amours d’une blonde & L’As de pique
Un humanisme désabusé
Jiří Menzel était aussi apprécié pour son ton comique, satirique, et libre. Ce n’est pas pour rien que son film Alouettes, le fil à la patte a été censuré dans son pays pendant plus de vingt ans. Doué pour les portraits sociaux et les caricatures de figures d’autorité, il s’inscrit dans l’héritage littéraire tchèque de l’étude des mœurs et caractères. De Mon cher petit village (1985), nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, nous retenons ainsi les satires, l’ironie mordante et critique. Mais déjà, dans son premier film situé pendant la Seconde Guerre mondiale, il était question d’un hypnotiseur arrêtant quelques secondes les chars allemands avant de se faire écrabouiller. Un humour teinté de la violence la plus glaçante.
Voici les derniers mots d’amour de sa femme, Olga Menzelova : “Notre cher Jiří, brave parmi les braves. Ton corps a quitté notre monde trivial dans nos bras la nuit dernière.” Le cinéaste était également acteur, scénariste et metteur en scène de théâtre.
>> A lire aussi : Milos Forman : disparition d’un rebelle, du bloc soviétique à Hollywood
{"type":"Banniere-Basse"}